En mai 1981, Europe consacrait un dossier à la littérature de Bretagne. Jean-Marie Le Sidaner, qui l’avait composé, avait réussi à faire sentir aux lecteurs l’effervescence de ces temps d’espérances, de revendications et la grande richesse, même un peu désordonnée, de parcours singuliers trop méconnus.
Littérature de Bretagne
Une littérature de refondation
Deux souvenirs sur Louis Guilloux
C’est vers la fin des années cinquante, à Saint-Brieuc, chez mes parents. J’ai dans les dix, douze ans. Fin du déjeuner. Sonnette, on entre. C’est un petit monsieur vif, énervé, longues mèches grises (chez nous c’était plutôt la coupe bolchevik bien-dégagé-sur-lesoreilles).
Un héritage controversé - Roparz Hemon
Roparz Hemon est le pseudonyme sous lequel nous est mieux connu Louis Paul Nemo (Brest 1900-Dublin 1978), l’un des écrivains bretonnants les plus notables de son époque. Son activité s’est déployée sur un bon demi-siècle, des années vingt à la fin des années soixante-dix. Il fut non seulement un écrivain prolifique (poésie, nouvelles, romans, théâtre, essais, chansons, traductions innombrables), mais aussi un celtisant érudit, grammairien, lexicographe et linguiste, notamment dans la seconde partie de sa carrière, devenu un vieil homme tranquille, à l’Institut des Hautes Études de Dublin.
Guillevic, l’homme-poète
Une prose et quatre poèmes pour Eugène
Jean-Marie Le Sidaner, le dérangeur
« Je roulerai le journal bleu / d’un voyage accompli », lit-on dans Justice immanente publié en 1966 aux éditions Encres Vives. Ce recueil donne son titre au premier volume des oeuvres littéraires. Je retiens ce mot « journal ». Il est à prendre au sens d’un quotidien qui laisse de côté les articles de fond pour exposer les événements et les traiter sur un ton égal, qu’ils soient sans lendemain ou au contraire appelés — mais le sait-on déjà ? — à bousculer la suite des jours.
Paol Keineg, ici et maintenant
Au début du mois de janvier de 1968 qui fut, comme on sait, l’année de toutes les audaces, Jean-Pierre Nédélec, le jeune et bouillant metteur en scène du Centre dramatique universitaire de Brest, en Basse Bretagne, monte Le Poème du pays qui a faim.
Paol Keineg - Chez les porcs
À la surprise du porc, la porte est ouverte. Il a épousé en dernières noces la truie attachée au piquet et à la lumière de quatre heures mange sa merde en grondant.
Manière ou matière de Bretagne
Les préfaciers de la littérature de Bretagne éprouvent souvent l’irrésistible besoin d’évoquer la « Matière de Bretagne » et de la draper sous les sempiternels oripeaux du légendaire breton, corroborant ainsi la vision romantique que le XIXe siècle en a donné.
Le danger merveilleux
Qui veut écrire de la Bretagne est toujours peu ou prou menacé par un danger paradoxal : celui que réservent à leurs auteurs les régions poétiquement surdéterminées, et qui fait que ceux-ci sont constamment exposés au péril de la redite et du cliché.
La littérature de la langue bretonne
Quelle littérature en langue bretonne ? C’est la question que pose Guy Étienne dans le numéro 2 de Poésie Bretagne : « Il n’y a pas de public en langue bretonne. Y a-t-il une littérature ? » Aujourd’hui pourtant il existe une réelle production littéraire en breton. Francis Favereau essaie ci-après d’en dresser les contours.
Koulizh Kedez
Poèmes
Bernez Tangi - La rose des vents
Métamorphoses du récit
Le roman en Bretagne, il faut le noter, n’est pas le parent le plus riche : bien plus nombreux sont les poètes, comme s’il fallait donner raison à Marie de France qui écrivait : « Bretagne est poésie ».
Une lumière comme on n’en voit nulle part
Jean-Pierre Abraham naquit en 1936 à Nantes, vécut son enfance à Hennebont, près de Lorient, entra au collège à neuf ans, chez les jésuites, à Vannes ; découvrit l’art de naviguer à l’âge de dix ; commencera d’écrire très jeune, des poèmes en prose; et publiera son premier texte, un récit, Le Vent, au Seuil, dans le premier numéro de la revue Écrire, dès vingt ans.
Jacques Josse - Les buveurs de bières
Chaque soir, rembobinant en aveugle le fil étriqué du jour, j’essaie de glaner, là où d’ordinaire je traîne, et c’est souvent dans l’ombre de ma fatigue, à Berlin, Bruges, Prague ou Rotterdam, ou encore à Belle-Île, à de moindres encablures de mes pénates, quelques brindilles qui ne sont que notes jetées à la va-vite sur un carnet de bord. Je laisse longuement macérer l’illisible.
Hervé Carn - La gloire et le vent
Marya n’avait pas compté avec la neige qui tomba sur la ville dès six heures du matin. Elle n’avait pas compté non plus avec une Solange assez défaite qui mâchonnait une biscotte en lui racontant sa sortie de la veille.
Retrouver le monde
Entretien avec Michel Le Bris
Kenneth Wihte - Une stratégie du passage ou l’Épître des sept îles
Écossais, donc citoyen de la « grande » Bretagne, j’ai commencé à publier mes livres à Londres, tout simplement parce qu’il n’y avait guère d’éditeurs en cosse — c’était un des signes du déclin culturel du pays.
Françoise Morvant - De la vertu des oeuvres complètes
Finalement, c’est bizarre mais je me trouve avoir édité les oeuvres d’Armand Robin, les oeuvres de Luzel, les oeuvres de Danielle Collobert, le théâtre de Synge, le théâtre de Tchekhov, les lais de Marie de France et me voilà partie pour éditer les grandes collectes de contes populaires du domaine français qui risque d’ouvrir sur le domaine européen, en attendant d’ouvrir sur le monde...
Le passeur de mondes
Entretien avec André Markowicz