L’Inde fascine et déconcerte le voyageur occidental. Elle ébranle nos certitudes, trouble nos repères, nous bouscule entre stupeur et ravissement, bonheur et malaise, enthousiasme et vertige.
Littératures de l’Inde
Les printemps profonds de la vie
Les langues de l’Inde
Plus de 1 600 langues et dialectes sont parlés en Inde et la Constitution indienne reconnaît aujourd’hui une vingtaine de langues officielles.
Tradition et modernité
Entretien avec Nirmal Verma et Sunil Gangopadhyay
La nouvelle indienne
Préliminaires
Au bord de la rivière
Une petite rivière serpentait au pied du coteau dénudé qui ressemblait à une énorme noix mal formée. Les berges de la rivière étaient cachées entre les arbres de la jungle dont les branches s’inclinaient très bas sur le sol. Des plantes rampantes s’enchevêtraient dans le sous-bois, enveloppant la rive d’un sombre et terrifiant linceul, même en plein jour.
Shikar
Un par un, ils émergent du gouffre sombre au pied de la colline. Leurs cheveux n’ont pas reçu l’huile et ils ne portent qu’un pagne autour des reins. Ils sont si nombreux, un groupe après l’autre! Plus loin, à côté de la colline, il y a leur village à peine visible.
Dépossédée
Il n’est pas ici, il s’en est allé. Mais n’était-il pas ici à l’instant? N’a-t-il pas pressé son visage contre le mien pendant que je lui caressais le cou, calmant l’échauboulure de son épaule? Ses cheveux humides avaient une légère odeur âcre de transpiration. Et comme il me regardait de ses yeux qui clignotaient, gonflés de sommeil! Mais ces gens ne voudraient jamais le croire.
La chasse
Le lieu s’appelle Gomo, sur la ligne de Daltonganj. Autrefois, les trains s’arrêtaient ici. L’arrêt coûtait-il trop cher? Maintenant dans la gare, dans les logements de fonction et les huttes des coolies, on voit des vaches et des chèvres.
Les dits de Haji Gul Baba Bektashi
Toute la nuit, on avait chanté sous ma fenêtre des qavvali en turc d’Azerbaïdjan. Peu avant l’aube, les voix s’estompèrent, puis finirent par s’évanouir dans les brumes du Caucase. Quand le soleil parut, je sortis de l’auberge et cherchai des yeux le grand oiseau Rux dans le ciel. Mais au lieu du Rux, je vis venir à tire-d’aile du Mont Ararat une colombe, tenant en son bec une lettre. Elle se posa sur le samovar mis à chauffer sur un réchaud dans un coin de la cour, sous une vigne vierge.
Rue de la Puanteur
Tenez bien votre mouchoir contre vos narines, cette ruelle est vraiment très très sale… Peut-être que même le mouchoir ne fera pas grande différence.
Les profondeurs de la nuit
Bano arrivait après avoir franchi trois sentiers qui reliaient nos maisons. Elle voulait aussitôt savoir: — Qu’a-t-on pu apprendre? As-tu des nouvelles?
Les rochers
L’histoire a lieu à l’issue de la dernière guerre atomique.
L’homme-tigre
Au bureau, la vente de tiffins 1 a lieu de 13 heures à 14 heures. On raconte qu’à une époque, elle se prolongeait jusqu’à 14 heures 30. Mais alors, le bureau n’ouvrait lui-même qu’à 11 heures.
Un cheval pour le soleil
C’est au sujet de ce bon à rien de Venkata — son vrai nom c’est Venkata Krishna Joisa — qu’au bout de quatorze ans, je vis un beau jour surgir devant moi sur la place du marché. Il ne me reconnut pas.
La dernière nuit
Sat Pal, S. P. Anand, Satti ou Pali, voilà les noms de celui qui est mort. Lorsque je suis entrée dans cette maison, après mon mariage, il était mon beau-frère, selon les liens de parenté établis par la société. C’était un gamin. Il jouait au ballon, boudait pour un rien et refusait de manger le plat qu’on lui préparait. Mais selon les liens que crée la vie, il est devenu mon fils, mon frère et mon amant.
Le cahier d’Abraham
« Qui ne comprend rien n’aime rien. Qui ne sait rien faire ne comprend rien. Qui ne comprend rien n’est bon à rien. Mais celui qui comprend peut même aimer. Il est toujours vigilant. Il aperçoit tout. C’est l’essence du savoir à l’intérieur d’une chose qui augmente l’amour qu’on éprouve pour elle… Qui imagine que les autres fruits sont mûrs au même moment que les fraises n’est pas capable de comprendre ce qu’est un raisin. »
La truie
Il était environ six heures trente du soir quand la truie est venue me parler. J’estimais à une quinzaine au moins les petits dans son ventre gonflé. Elle s’était vautrée dans un fossé et l’eau boueuse faisait luire son dos noir. Sous son ventre pendaient ses mamelles recouvertes de boue comme des stalactites.
Excitation
Le vent du soir soufflait fort, par rafales. Les feuilles des cocotiers bruissaient au rythme harmonieux du flot. Prakash se tenait là, debout au bord de la mer. On arrosait les plantations. Indu et Anjani, des pots à la taille, s’affairaient autour des jeunes cocotiers. Elles tiraient de l’eau d’un puits près de la mer.
Une nuit
Et s’il recevait un coup violent sur la tête pendant son sommeil? Ou si une machette s’enfonçait dans son corps sans qu’il puisse le prévoir? Stephen se réveilla en sursaut. Il ouvrit des yeux encore lourds de sommeil et fixa avec méfiance le lit d’en face. Lingpao était couché, les jambes étendues. Il n’avait pas bougé du tout. Stephen respira un peu mieux, puis il pensa: il ronfle si fort toutes les nuits, maintenant il est couché là comme s’il ne respirait même pas, est-il encore éveillé?
Le moulin
Il était aveugle. Pour tout moyen de subsistance il ne possédait que son moulin. Il s’appelait Govind Babu. Sa soeur, veuve, demeurait avec lui et l’aidait au travail. Il se tenait sur une vieille chaise rouillée et, devant lui, pendait une grande balance avec laquelle il pesait blé et farine. Tout à côté s’entassaient les poids. Sa soeur s’asseyait toujours par terre, à proximité de la balance, le dos contre le mur du moulin. Lorsqu’un client survenait, elle se levait pour peser la farine. On l’appelait Tantine.
La poésie
La poésie
La poésie
Lettre édifiante et curieuse du Tamil Nadu
Au cours d’un colloque sur Descartes organisé à Madras par la Faculté de philosophie des Jésuites, à mi-chemin de mon séjour en Inde, j’ai fait la connaissance de l’un d’entre eux qui célébrait ses soixante ans passés au Tamil Nadu. C’était autour d’un café sévère et d’une poignée de biscuits secs ; cette rencontre a changé mon Inde
Le regard sensible de Nirmal Verma
J’évoquais dans ma dernière chronique le grand roman de l’écrivain chinois Gao Xingjian, La Montagne de l’âme et ce qu’on y découvre de très nouveau, pour un lecteur occidental, cette alliance de réalisme et de rêve — dirai-je en simplifiant beaucoup — qui élargit des horizons multiples. Bien sûr, en donnant au mot horizon tous ses sens : le sens de l’immensité géographique, celui de l’exploration terrestre, celui du voyage intérieur et des interrogations ou des découvertes personnelles
Une barque heureuse de se perdre
En 1947 un livre me tomba sous la main, édité en Suisse (les Trois Collines appuyèrent la résistance intellectuelle). Cela s’intitulait : Domaine grec. Cette Grèce-là, j’en étais affamé et je la dévorais avec une sorte de vertige. Elle était à mille lieues des manuels scolaires et ne possédait pour tourisme que celui de son antiquité, d’Homère aux Tragiques et aux Philosophes.
Théatre : dans la cour des grands
On ne peut que se réjouir que le Théâtre National de Chaillot, celui de Vilar et aussi de Vitez, ne soit pas devenu purement et simplement un théâtre consacré à la danse.
Le cinéma : une vision contemporaine du monde noir
Boesman et Lena, tiré d’une pièce du dramaturge sud-africain Athol Fugard, est le dernier film réalisé par le vétéran américain John Berry avant son décès le 29 novembre 1999 à l’âge de 82 ans.
La musique : de l’an zéro à l’an un
Jean-Christophe Marti, Maurice Ohana
Les arts - Trésors du Tanaïs
En 1697, à l’âge de vingt-cinq ans, Pierre le Grand entreprit un périple de seize mois à travers l’Europe.