Rêves

Oser rêver

par Sylvette Babin

Si rêver n’est pas unique à l’être humain, notre espèce a toujours prêté une attention particulière, voire obsessive, à l’expérience onirique. Des anciennes croyances de l’art divinatoire ou de l’oniromancie, qui donnaient aux rêves un sens prémonitoire (le rêve tourné vers le futur), à l’approche psychanalytique de Sigmund Freud et de Carl Jung (le rêve tourné vers le passé), les rêves ont été utilisés comme de puissants outils de connaissance de soi ou de contrôle du monde. Dans l’appel à contribution pour ce numéro, le comité de rédaction posait la question suivante : « L’interprétation nuit-elle à la capacité des rêves à influencer notre vie?» Tirée d’un épisode du balado Weird Studies où l’auteur J.F. Martel et le musicologue Phil Ford discutent du livre The dream and the underworld du psychologue James Hillman, l’interrogation intrigue.

L’opacité des rêves

par Gwynne Fulton

Tout rêve renferme un lieu inaccessible, un nœud autour duquel il se construit, qui résiste à l’interprétation. Sigmund Freud appelait cela l’ « ombilic du rêve1 ». Pour Émilie Serri, artiste d’origine syrienne née à Montréal, et Basma Alsharif, artiste visuelle d’origine palestinienne née au Koweït, le topos ombilical au cœur du rêve – son nombril impénétrable et inanalysable – évoque un lien avec un lieu dont l’accès est compliqué.

Le temps du rêve d’Ursula K. Le Guin

par Kat Benedict

Tout le monde rêve. Il ne s’agit pas d’une supposition : cela fait partie intégrante de notre expérience en tant qu’êtres humains, comme de celle des animaux d’ailleurs. L’incapacité à interagir avec les rêves et les images et évènements qui y surviennent relève d’un sabotage culturel du rêve comme vecteur de change- ment social et politique. Par le rêve, les contraintes sensorielles de la conscience quotidienne sont transcendées, et l’amalgame du passé, du présent et du futur donne lieu à des enchainements atemporels révélateurs.

Mon cerveau à trois heures du matin

par Ella Dawn McGeough

Il y a les personnes qui dorment et celles qui ne dorment pas. Dans le monde des dormeurs et dormeuses, le sommeil arrive facilement, sans lutte ni acharnement ; une certitude physiologique. Enfant, je dormais. Dans ma vie d’adulte, je ne dors plus. En 2019, en lisant le poème « Ode to Sleep » (2005) d’Anne Carson, qui nous invite à envisager une vie « sans cette tranche de temps hors-la-loi qui ponctue chaque oreiller », je me suis rendu compte que j’avais passé la moitié de la vie avec le sommeil, et l’autre, avec le doute ; moitié repos, moitié détresse. Dix-huit ans avec, dix-huit ans sans.

Sylvie Bouchard

par Anaïs Castro · trad: Catherine Barnabé

En travaillant comme peintre depuis le début des années 1980, Sylvie Bouchard a mis au point un langage pictural ancré dans la tradition surréaliste. Inspiré par ses propres rêves et visions, son vocabulaire visuel riche et énigmatique crée une expérience introspective qui invite le public à porter attention au monde métaphysique et à explorer le subconscient humain. Ses panoramas psychologiques se caractérisent par une palette apaisante et une esthétique éthérée qui a évolué au cours de quatre décennies de pratique.

Thao Nguyên Phan

par Joëlle Dubé · trad: Élise Guillemette, Isabelle Lamarre

Dream of March and August (2018-en cours) est une série d’aquarelles à la douceur éthérée peintes sur de la soie natu- relle par l’artiste de Hô Chi Minh-Ville Thao Nguyên Phan.

Dans l’atelier de Ève K. Tremblay

par Zeljka Himbele

L’entrevue qui suit a été réalisée dans le cadre de Fleurs d’archives, une exposition solo d’Ève K. Tremblay présentée au Strand Center for the Arts, à Plattsburgh, en 2023. L’exposition comprenait des céramiques, des photographies, une installation vidéo, des dessins, des peintures et des impressions sur tissu de Tremblay, qui datent tous des dernières années.