« Hésitant à parler du rôle thérapeutique de l’art, esquissant la possibilité d’une catharsis, l’histoire de l’art a multiplié les représentations de la douleur sans nécessairement en faire l’objet d’un engagement éthique. Peut-être est-ce là que l’art actuel revendique sa place, dans la production de formes et d’images de la souffrance qui n’oublient pas le soin, qui n’oublient pas le traumatisme et qui prennent en compte les affects de la relation esthétique. »
Douleur
Où loge la douleur ?
Blue de Laura Magnusson : une archive somatique de la douleur
Du bleu partout. L’artiste montréalaise Laura Magnusson erre – rampe, s’agenouille, s’allonge, marche – dans l’eau claire du fond de l’océan. Vêtue d’un parka et de bottes d’hiver, elle se promène sur le sable quelque 20 mètres sous la surface près de Cozumel, au Mexique, en transportant une bouteille d’oxygène. On la voit ensuite dans les eaux sombres et troubles, entourée de poissons argentés miroitants. Même si elle n’est pas seule, encerclée comme elle l’est par ces altérités aquatiques, ses expressions faciales et son langage corporel semblent traduire la détresse et la douleur.
Douleur animale et suprémacisme humain
L’équipe de Esse est depuis longtemps préoccupée par le traitement du vivant non humain dans l’art contemporain, que ce soit dans des pratiques relevant directement de l’exploitation des animaux, ou d’autres encore où la participation de ceux-ci est moins visible, sans être pour autant moins problématique. Ce dossier sur la douleur nous pousse à interroger le philosophe Martin Gibert sur la question. Militant végane engagé dans la cause antispéciste et chercheur en éthique de l’intelligence artifificielle à l’Université de Montréal, Martin Gibert s’attache depuis plusieurs années à déboulonner les croyances et les comportements carnistes. Il a écrit sur l’imagination en morale et le paradoxe de la viande, notamment dans son essai coup de poing Voir son steak comme un animal mort.
Stratégies esthétiques à l’encontre des grosses douleurs
Revers de l’idéal de blancheur, de mobilité, de minceur et de vie éternelle des sociétés occidentales, mon corps est gros, handicapé, noir et, sans que je sois tout à fait capable de démêler ce qu’il en est de ces intersections, je ne suis certaine que d’une chose : c’est que ma propre souffrance est aussi prise dans un faisceau de discours sur mon corps, en particulier à l’encontre de mon poids. Considérer une personne grosse dans une perspective non grossophobe passe à mon sens par la considération du corps gros simplement comme existant et donc légitime par ce seul fait.
Veiller : mon texte est une table de chevet est un texte pour toi
Regina José Galindo
La pratique de l’artiste guatémaltèque Regina José Galindo est ancrée dans la présence du corps, immuable devant l’adversité contre laquelle elle s’érige.
Julia Rose Sutherland
Raymonde April
Alexa Hatanaka
Side by each 2.0
Marijke Vasey
Rococo Disco