Peut-on guérir de ses blessures ? Faut-il, dans ce cas, les rejeter dans l’oubli ou plutôt entretenir avec elles une forme de réconciliation libératrice ? Sur le plan politique, nous assistons, depuis quelques années, aux excuses du gouvernement canadien envers diverses communautés qui ont subi, par le passé, l’indifférence de l’État. Ces excuses sont souvent accompagnées de compensations financières. Par exemple, récemment, le gouvernement de Justin Trudeau s’est engagé à verser près de 800 millions de dollars aux peuples autochtones qui ont subi, durant les années 1960, de lourds sévices de la part des politiques d’assimilation.
Blessures
Réparations ?
Présences, mémoires individuelles et plurielles comme dispositifs de construction dans le travail des créatrices autochtones
La blessure, qu’elle soit physique, psychologique ou sociale, est évoquée dans le travail de nombreux artistes autochtones au Québec et au Canada, en particulier chez les femmes dont plusieurs projets s’élaborent à partir d’un processus qui implique la mémoire, le corps et l’histoire. L’auteure s’intéresse aux œuvres de Rebecca Belmore, Jaime Black, Hannah Claus, Maria Hupfield, Nadia Myre et Sonia Robertson.
Remédier aux traumas. Réparation et répétition dans l’œuvre de Kader Attia
Quand il pénètre l’esprit par effraction, le trauma (du grec « traumatikós » : la blessure qui troue, qui perce les barrières protectrices de l’esprit) constitue une blessure sans visage, inassimilable et impossible à figurer. La violence de l’expérience traumatique conduit à un état que la psychanalyse décrit dans les termes d’un anéantissement de la subjectivité, une sidération proche de la rencontre avec la mort dont la survenue correspond à la formation d’un « trou noir » dans le psychisme. Difficile, sinon impossible, le ressouvenir de l’expérience traumatique négocie en effet en permanence avec des mécanismes de défense (déni, refoulement) ou avec des réactions de l’appareil psychique (névrose, honte, sidération, stress) qui obstruent l’accès à l’image du traumatisme. Sans représentation de la cause de sa souffrance, l’individu traumatisé reste alors bloqué dans l’événement de son effraction (la compulsion de répétition), incapable de dire et encore moins de donner à voir.
Empathetic Responses: Emily Falencki and Eric Fischl
The upheavals of the 20th century—the end of a European political order that had held sway for almost a thousand years, two world wars, the rises and falls of imperialism, communism, and fascism—have had echoes that are still reverberating. In fact, given our present reality, aftershocks are perhaps a better analogy than echoes—the primary quake may have happened decades ago, but the aftershocks are still knocking down well-established assumptions.
Berlinde De Bruyckere, éloge de la vulnérabilité
Les sculptures de Berlinde De Bruyckere montrent des corps avachis ou gisants. Leur chair livide, comme exsangue, laisse transparaître des ecchymoses évoquant l'hémorragie interne, leur peau porte les marques de la décomposition. Parfois, le sang devient visible, sous forme de traces rosées déposées sur les cires façonnées en membres ou en ossements. Les sculptures offrent une typologie des blessures : contusions, plaies ouvertes, plaies suturées, chairs écorchées.
Crisis and Circulation: The Representation of Flows in Teresa Margolles’ Recent Work
Illuminated signage tiles set on the floor of a museum’s exhibition space spell out, in bold black letters, MUNDOS. This sign has been salvaged from a bar in Ciudad Juárez, a city in the northern Mexico state of Chihuahua. At once ruin and promise, Mexican artist Teresa Margolles gives this sign new life: it becomes a metonym for the transnational forces that contribute to integrating Ciudad Juárez into globalized economies, and the potential for finding community in the aftermath. In her works from the past decade—several of which were presented in the Mundos exhibition recently held at the Musée d’art contemporain de Montréal (MACM)—Margolles has alluded to the material, lived impacts of global circulation processes.
Que faire de nos blessures ?
« Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! » Cette ultime prière à la fin de Peau noire, masques blancs (1952) laisse supposer que Frantz Fanon avait pressenti le risque d’enfermement du sujet blessé. Il implore donc son corps de se laisser porter dans l’ouvert malgré la violence vécue du racisme. Cet appel n’est pas simplement un retour sur soi comme le remarque Judith Butler dans l’échange qu’elle poursuit avec l’anthropologue Athena Athanasiou sur les formes de la dépossession.
La guerre, cette vieille blessure. Entretien avec Marion Zilio
Marion Zilio présente les réflexions qui l’ont conduite à proposer l’exposition annuelle Newwwar, It’s Just a Game ? présentée à Bandjoun Station (Bandjoun, Cameroun).
Documenta 14: Unlearned Predictability
In October 2014, when Adam Szymczyk, documenta 14’s Artistic Director, announced that the world-renowned symposium would be shared between two cities, Kassel and Athens, his bold move generated intrigue. His explanation for this decision laid out his concern for a didactic consideration of the divisions and tensions between northern and southern Europe. The title Learning from Athens promised to address some of the current social and political issues facing Europe today, questioning its foundations such as colonialism, patriarchy, gender-normativity and capitalism amongst others.
Skulptur Projekte
2017 fût marqué par un alignement temporel rare puisque regroupant en son sein plusieurs manifestations européennes de renommée internationale. Ayant pour singularité une existence aux dix ans et un objet circonscrit sur et dans l’espace public, Skulptur Projekte de Münster était de celles-ci.
Sculpture of Steel, City of Nerves: a review of Dendrites by Michel de Broin
Quand Mnémosyne inspire une exposition
Le Musée des beaux-arts de Montréal présente Mnémosyne, une exposition qui établit un dialogue entre des œuvres contemporaines et des peintures historiques de manière à renouveler le regard que nous portons sur elles. L’exposition, commissariée par Geneviève Goyer-Ouimette, réunit, dans le Pavillon Jean-Noël Desmarais, 14 peintures, photographies, sculptures et installations d’artistes québécois et canadiens contemporains.
Giorgia Volpe : la matière célébrée
L’exposition Tisser l’existant, réunissant quinze ans de travail de Giorgia Volpe, est en circulation depuis janvier 2016. D’abord présentée à la Galerie d’art Foreman de l’université Bishop, elle a ensuite été présentée à la galerie de la Mount St-Vincent Université d’Halifax, puis au Musée du Bas-Saint-Laurent et, enfin, à la Maison Hamel-Bruneau à l’été 2017.
Ulla von Brandenburg. Sculpture animée
En 1576, Ferdinand de Médicis acquiert le domaine de la Villa Médicis à Rome. Dans ses jardins, encore en cours d’aménagement, il fait installer les Niobides, un ensemble de sculptures datant du 4e siècle av. J.-C. et découvert lors de fouilles archéologiques à Rome.
Promenade dans des mondes inconnus
À l’occasion du vingtième anniversaire du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, ce n’est rien de moins que la notion de forme, particulièrement complexe au regard de l’histoire des idées, dont il est question dans cette exposition à travers un foisonnement d’œuvres et une variété de médiums soulignant le rôle de catalyseur du Fresnoy.
Jean-Maxime Dufresne et Virginie Laganière : Post-Olympiques
L’exposition Post-Olympiques de Jean-Maxime Dufresne et Virginie Laganière s’inscrivait dans le vaste projet de commissariat de Nathalie Bachand, Un million d’horizons (1 X 19 = 1 000 000), déployé à l’été 2017 dans l’ensemble des lieux de diffusion des arts visuels du réseau Accès culture de la Ville de Montréal.
Ressources humaines
En cette période estivale traditionnellement associée aux vacances, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain du Grand Est entament un nouveau cycle sur « Le travail à l’œuvre ». Au Frac Lorraine, à Metz, l’exposition collective Ressources humaines propose une lecture résolument militante du sujet en abordant le travail dans sa dimension sociale et morale.
Nelly-Ève Rajotte. Déjouer-rejouer un certain cinéma
Depuis plus de dix ans, Nelly-Ève Rajotte occupe une place particulière dans le panorama artistique montréalais : l’une des rares femmes artistes à présenter des œuvres de performance audiovisuelle, elle poursuit un travail de l’image et du son où le paysage – celui des villes comme des déserts – est sa principale matière visuelle.
Lucie Rocher. Faits et causes / Faits OU causes ?
Créée dans un esprit d’étroite collaboration entre la photographe Lucie Rocher et la commissaire Julie Alary Lavallée, l’exposition Faits et causes s’intéresse à la réflexion de l’artiste sur les limites du médium photographique, présentée sous la forme d’œuvres installatives qui abordent leur relation avec l’espace et la transparence du processus artistique.
Live and Let Give
As Christmas draws nigh, our thoughts turn toward gifts, so DHC/ART group exhibition L’Offre, curated by Cheryl Sim, is timely enough. The show’s conceptual framework is upbeat: in the brochure, Sim expresses her hope that “a culture of gift exchange develops to the benefit of all.” Frankly, though, L’Offre takes us to diverse and intriguing destinations, often well beyond such rosy intentions.
Ron Terada: TL;DR
Ron Terada’s new exhibition takes up two central components from his practice of the past twenty-plus years: painting text on otherwise monochromatic canvases, and appropriating commercial signage as sculptural gestures.
15e Biennale d’Istanbul
La Biennale d’Istanbul, inaugurée en septembre dernier, fut préparée dans une période particulièrement tendue en Turquie. Après l’échec du coup d’État de juillet 2016 et le durcissement d’un pouvoir de plus en plus autoritaire, des milliers de personnes, dont un bon nombre de journalistes, d’écrivains et d’universitaires, furent emprisonnés. Dans ce contexte, la biennale jouit, dans une certaine mesure, d’une relative liberté d’action en ce qu’elle est essentiellement financée par des fonds privés. Elle n’est cependant pas à l’abri des menaces qui pèsent désormais au quotidien sur la liberté d’expression dans le pays.