Bien que, pour plusieurs d’entre nous, le mot « numérique » ne soit pas conceptuellement clair, tant la définition de ce mot — parfois adjectif, parfois substantif — demeure floue, il ne fait aucun doute que, depuis quelques décennies, l’univers du numérique envahit quotidiennement nos vies. Par nos différents appareils — téléphoniques, informatiques, robotiques —, le numérique a modifié considérablement notre façon d’interagir avec notre entourage, familier ou non. Toutefois, le numérique est plus qu’un ensemble d’outils, il est une nouvelle façon de voir le monde, de le sentir, de le comprendre. Il nous fait entrer dans une nouvelle ère.
La sculpture à l’ère du numérique
La sculpture à l’ère du numérique
Fabrications numériques
Au cours des dernières années, la fabrication numérique a pris une place incontournable dans les arts, en particulier dans les pratiques sculpturales et installatives. Ce phénomène est attribuable en grande partie à la démocratisation des outils à commande numérique utilisés pour l’impression 3D, le fraisage, le tournage, le perçage, la découpe au laser, le tissage, etc. Autrefois réservé à l’industrie, l’accès à ces technologies s’est grandement généralisé aussi bien dans les ateliers collectifs, les fab labs, les institutions d’enseignement que dans l’espace personnel. Des entreprises spécialisées offrent aussi leur expertise et des équipements de pointe pour la production de projets ambitieux.
Assembling the Post-Fordist Social Factory
A curious, industrially manufactured object sits on a long, narrow platform that divides the gallery space. The object is presented as a multiple, with a series of identical reproductions spanning the platform. It is unclear whether this object is presented in a finished state, or if we are seeing it somewhere in the process of being assembled. It might be the base of an air filter, a vacuum not yet fitted with its handle and hose, or an internal component of some larger, unidentified apparatus. In a sense, it is simultaneously all and none of these things. This is a product stripped of any consumer function that stands in for all industrially produced objects, but which complicates any clear sense of use or exchange value.
Sculpteurs technologues : au-delà du numérique
Loin d’être la simple conséquence d’un développement technologique propulsé par la démocratisation des programmes informatiques et autres nouvelles plateformes médiatiques, cette époque, qui est la nôtre et que d’aucuns qualifient d’ère numérique, balise désormais la spécificité même de notre propre humanité. Concernées par le rôle prépondérant des technologies de l’information quant aux changements sociaux et culturels, les humanités numériques (Digital Humanities) forment aujourd’hui un domaine de recherche transdisciplinaire attestant du caractère intrinsèquement technologisé du sujet contemporain. Les détracteurs de la révolution numérique n’ont qu’à bien se tenir; nous sommes en plein âge d’or des Digital Natives.
London Fieldworks Null Object: Gustav Metzger Thinks About Nothing
London Fieldworks, artists Jo Joelson and Bruce Gilchrist, engage in a relationship between research and practice at the intersection of art, science and technology. Over the past decade, they have been probing a relationship with the natural world through projects involving field-based research at residencies, often in remote rural areas, such as northeast Greenland, Iceland, Svalbard and Brazil.
Divide-and-conquer: Jesse Colin Jackson’s Marching Cubes
Staged at Toronto’s Pari Nadimi Gallery in late 2016, Canadian artist Jesse Colin Jackson’s solo show Marching Cubes presented a single 1.25 x 2 m sculpture for viewers to scrutinize; this was no monolith though, the form was composed of hundreds of modular blocks. Bookended by mirror-image right angle planar surfaces (each culminating with a slender leg), it stacked upwards in orderly disorder, much like the interlocking basalt columns of Giant’s Causeway and other geological wonders.
The Shapes of Some Things to Come. A few notes in and around the 3D Additivist Cookbook project
Successive waves of household technological innovations, from the desktop computer in the 80s, the emergence of the web in the early 90s and smartphones in the naughts have repeatedly triggered technotopian discourses about DIY empowerment, direct democracy via peer to peer communication and the advent of novel aesthetic and political means to joyfully redraw the cartography of the future, among other things. In parallel, such visions have always been accompanied by their fair share of dystopian pronouncements of fearing a Terminator-like cataclysmic showdown between humanity and the machine or a Big Brother-like surveillance of society.
Physique versus numérique : matérialisme digital ?
Entretiens avec Grégory Chatonsky et Dominique Sirois. Lorsque l’on pense à la sculpture, ce sont les matériaux qui nous viennent à l’esprit en premier. Viennent ensuite les volumes, puis les techniques qui leur ont donné forme. La formule « sculpture numérique » évoque autre chose. On y perçoit l’addition d’une dimension. De manière spontanée, on pense à de l’immatériel : des images de synthèse, du virtuel, de la programmation comme des formules magiques. On voit des écrans, de la lumière qui en émane. Les matériaux du numérique sont avant tout des moyens de rendre visible ce dernier : des cadres et des boîtes de plastique ou d’aluminium qui contiennent les éléments électroniques nécessaires à l’existence du numérique. La matérialité du numérique se caractérise aussi par son affiliation à l’électricité : c’est sa principale condition d’apparition.
Machine Edge: an interview with Erika Lincoln
C. E. You are known to your peers as a high-tech artist, artists are never at the cutting edge of technology—it’s the military industrial simplex (my term) that always gets there first. Thoughts?
La littorale #6 : l’art à la plage
Dans les pays où la politique culturelle favorise la démocratisation de l’art, des évènements présentant un choix d’œuvres d’artistes contemporains dans l’espace public sont relativement fréquents. Mais lorsque ces évènements s’immiscent dans un espace dédié principalement aux loisirs qu’offre la plage, le phénomène devient plutôt rarissime. C’est pourtant l’idée originale de la biennale d’Anglet. Située entre Biarritz et Bayonne, et partageant plusieurs kilomètres de la côte Atlantique, la commune d’Anglet propose, depuis 2005, une biennale d’art contemporain en plein air1. Chaque édition présente les œuvres d’environ une douzaine d’artistes installées dans un environnement propice aux vacances.
Dominique Sirois : Indice éternité
Ce n’est pas le moindre des lieux communs de l’art contemporain que de vouloir sortir le public de sa zone de confort. Avec Indice éternité, magnifique exposition présentée à la Galerie B-312, Dominique Sirois prend le contrepied de ce désir répandu en nous faisant ressentir un étonnant confort devant la mort.
Les univers monochromes de Kelly Lycan
À l’automne 2016, deux galeries de la grande région de Vancouver présentaient les installations les plus récentes de Kelly Lycan, lauréate du prix VIVA en 2016, l’un des prix les plus prestigieux qu’un artiste en arts visuels peut se voir octroyer au cours de sa carrière en Colombie-Britannique. Ces expositions révélaient les nouveaux univers monochromes créés par l’artiste dont la palette de couleurs se limite essentiellement à des variations de blanc depuis maintenant plusieurs années.
Julie Picard. Le papier journal : les spécimens de masse
Des Spécimens à De masse, l’artiste québécoise Julie Picard développe, de manière singulière, depuis plusieurs années, une matière issue de la nature : le papier et, plus précisément, le journal, symbole de la culture de masse, de l’industrialisation sérielle et de la profusion d’informations.
Léna Mill-Reuillard : faire corps et lieux avec les images
Interpellée par les notions de corporéité et de limites entre les images fixes et les images en mouvement, la démarche de Léna Mill-Reuillard évolue sous plusieurs formes et en différents temps. En février dernier, elle remportait le Prix du CALQ — Œuvre de la relève 2016, à Montréal, avec le projet Machinari, réalisé dans le cadre de la résidence de production et de diffusion PRIM-Dazibao.
Michèle Matyn : Gouffres du souffle
En marge de la rétrospective Robert Filliou – Le secret de la création permanente et de l’exposition De Broodthaers à Braeckman, la photographie dans les arts plastiques en Belgique, le musée d’art contemporain de la ville d’Anvers (M HKA), dans le cadre de la quatrième édition de son projet IN SITU, invitait l’artiste Michèle Matyn à prendre possession de « l’espace d’exposition le plus vaste et [sans aucun doute] le plus atypique » de cette institution belge de premier plan.
David Armstrong Six : la poiésis exhibée
Pour cette troisième exposition solo à la galerie Parisian Laundry, le Montréalais David Armstrong Six mise conjointement sur l’exploration formelle et l’affirmation du caractère matériel des œuvres en donnant à voir l’étendue de la dimension processuelle qualifiant son travail. Avec Bracelets, l’artiste choisit de présenter des œuvres sculpturales et picturales comme autant de morceaux enfilés sur un même fil.
Phyllida Barlow, demo : chantier en cours
Intitulée demo, l’exposition de Phyllida Barlow exploite littéralement la démolition en cours au troisième étage de la Kunsthalle de Zürich et annonce la rénovation à venir. Au-delà de la tension entre le faire et le défaire qui infuse également la pratique de l’artiste, c’est encore une belle occasion pour elle de démontrer ce qui constitue sa sculpture : un jeu entre précarité et monumentalité, imposant des formats absurdes qui envahissent l’espace et engagent le visiteur à faire l’expérience physique de l’œuvre.
Raconter les silences
Entre interrogations politiques, doutes et poésie, l’exposition Paysage interne rend compte de la richesse des pratiques artistiques, malgré la guerre et la diaspora qui en découle, en présentant les œuvres de cinq artistes syriens qui créent autant de narrations. Exilés pour certains, menacés par la répression pour d’autres, ils témoignent de réalités, de fragments de vie, présentent des visages, racontent des histoires où se mêlent le tragique, l’incertitude, mais aussi l’espoir, le rêve d’accéder à un futur.
Jean-Luc Verna, homme-orchestre
Si l’exposition de Jean-Luc Verna est une réussite, c’est qu’elle est parfaitement à l’image de son instigateur : elle tient à distance ses pratiquants, tout en les accueillant avec générosité. Depuis 1991 qu’il s’investit corps et âme dans sa vie d’artiste, Verna a fait feu de tout médium, à commencer par le plus naturel, son enveloppe corporelle. Et faute de l’aimer tout à fait, il l’a contrainte par une discipline de fer et une pratique du tatouage qui a transformé sa peau en palimpseste.
To refuse/to wait/to sleep
There is a contemporary discourse that is characterized by a high level of linguistic abstraction that seems to obscure, from the ordinary bystander, extreme levels of profitability, speculation, and institutional superstructures. I am referring not to contemporary art, but the financial sector of capitalism, which is the target of a new group show at the Morris and Helen Belkin Art Gallery in Vancouver.