Lorsqu’il est question de migrations humaines, spontanément nous pensons aux personnes qui, de par le monde, sont dans l’obligation de quitter leur pays pour un autre considéré plus sécuritaire. Les raisons de ces migrations forcées sont multiples : politique, économique, ethnique, religieuse, voire de plus en plus climatique. Et même si la plupart de ces migrations existent depuis le développement des États-nations et l’apparition de nouvelles frontières, il nous faut admettre que « notre époque a produit plus de réfugiés, de migrants, de personnes déplacées, d’exilés, qu’il n’y en a jamais eu dans l’histoire ».
Migrations_Frontières
Migrations, frontières et... création
Nulle part où aller
En tant que mouvement de populations en errance sur la planète, la migration n’est pas un phénomène nouveau, mais elle compte parmi les traits les plus fondamentaux et les plus urgents de notre univers mondialisé. Que ce soit par choix ou autrement, la migration actuelle de gens en quête de sécurité ou d’une vie meilleure pour diverses raisons – entre autres, la guerre, la famine, des conditions politiques et économiques difficiles et, de plus en plus, les changements climatiques – doit être pensée en lien avec la mondialisation capitaliste et sa libre circulation de biens, de capitaux et de renseignements.
Milutin Gubash : migrer en formation
Artiste d’origine serbe vivant aujourd’hui à Montréal, Milutin Gubash a entrepris, au tournant des années 2000, d’associer sa famille et ses amis à ses projets de création. Par le vecteur d’un humour philosophique non dénudé de critique, il imagine dès lors des scènes de vie, en partie vécues et fabulées, vraisemblables, à travers lesquelles se trame son histoire d’immigration. La famille Gubash a vécu en terre yougoslave jusqu’en 1972, année où elle a fui cette contrée placée sous un régime communiste depuis la Seconde Guerre mondiale, Josip Broz Tito en tête.
InSite : l’évolution d’un modèle expositionnel ancré dans un territoire hautement politisé
L’événement d’envergure inSite s’est tenu de manière récurrente à partir de 1992 au cœur de la zone frontalière formée par les villes de San Diego, aux États-Unis, et de Tijuana au Mexique. Après avoir marqué un temps d’arrêt — essentiellement dédié au traitement de ses archives — à la suite de sa 5e édition en 2005, inSite refait surface pour une nouvelle manifestation. L’organisme opère désormais à partir de la Casa Gallina, à Mexico, dans le quartier densément peuplé de Santa Maria La Ribera.
François Morelli. L’impossibilité d’une île
En 1984, François Morelli amorce une grande excursion, la première d’une trilogie, reliant les Nations Unies et Saint-Jean-Port-Joli. Un an plus tard, un second périple, la Marche transatlantique (1945-1985), démontre un sens de l’entreprise hors du commun, partant du mur de Berlin pour finir à Philadelphie. Puis, une troisième marche a lieu en 1986-1987, le Cycle transculturel, ayant pour départ et arrivée la ville de Nice. Chaque fois, une sculpture portable accompagne l’artiste sur son dos : un alter ego de foin évoquant l’animal et la figure humaine, une forme de fibre de verre aux nuances carnées ou une grande valise contenant d’autres sculptures.
Le b.a.-ba des frontières
La frontière naturelle est la seule vraie frontière, incontestable, absolue. Les autres ne sont que des simulacres, constructions humaines incapables d’égaler la perfection naturelle.
Aram Han Sifuentes : la politique d’une immigrante
Aram Han Sifuentes est une artiste textile que la pratique sociale amène à travailler avec des organismes à but non lucratif, des centres communautaires et des écoles publiques, où elle anime des ateliers avec des groupes d’immigrants. Son travail a fait l’objet d’expositions à l’échelle nationale et internationale.
Wir sind alle Berliner : 1884-2014
Du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, le chancelier Otto von Bismarck accueille à Berlin les grandes puissances occidentales pour opérer des négociations qui aboutiront au partage du territoire africain. Quatorze pays se rassemblent, mais aucun participant ne représente l’Afrique ou l’un de ses territoires. Lors des commémorations (peu nombreuses) du 130e anniversaire de la conférence en novembre dernier, le centre d’art SAVVY Contemporary a invité Simon Njami à organiser une exposition dans la capitale allemande.
Antagonisme de l’art “hors les murs”
La prolifération des pratiques ex situ en art contemporain repense l’ontologie de l’objet en regard de ses conditions attentionnelles. En s’inscrivant significativement hors d’un cadre institutionnel, ces pratiques interrogent les conditions de l’expérience de l’art. En fait, le contexte d’exposition d’un objet a une incidence importante sur le type d’attention que le spectateur lui accorde, si bien que l’expérience d’un objet artistique, non identifié en tant que tel, dérange les modalités d’une définition classique de l’art.
Yinka Shonibare MBE : Pièces de résistance
Fidèle à son habitude, la DHC/ART présentait, cet été, une exposition attendue : Pièces de résistance constituait une toute première occasion de voir au Canada, dans le cadre d’une exposition particulière, le travail du Britannique d’origine nigériane Yinka Shonibare MBE.
Allison Moore and Arthur Desmarteaux: The Future in Ruins, Today
We are beginning to see the forest. As capitalism’s problems become increasingly globalized, the impulse to protest everything and the need to critique society as a whole gain traction. This is a risky impulse; in our sound-bitten era, critics of everything quickly can find themselves spun by opponents as critics of nothing—or, worse, critics by nature.
Chih-Chien Wang : mémoire perdue, mémoire recréée
L’exposition The Act of Forgetting de l’artiste d’origine taiwanaise Chih-Chien Wang vient clore un cycle de deux années de création passées en atelier à la Fonderie Darling. D’objets intimistes photographiés dans le plus grand dépouillement, par lesquels l’artiste avait laissé une forte empreinte, l’attention se porte ici sur un dispositif expositionnel qui explore les jeux de la mémoire et marque un tournant dans le travail de l’artiste.
Bêtes noires – Pelt (Bestiary) d’Ingrid Bachmann
Au cours des deux dernières années, le centre d’artistes Diagonale a procédé à un remaniement considérable de son organisation en revisitant son mandat et en s’entourant d’une nouvelle équipe. Grâce à l’élargissement de ses axes d’actions, le centre souhaite mettre davantage en évidence l’omniprésence insoupçonnée de la fibre en tant que concept ou matière dans l’art contemporain.
L’État archipel de Catherine Bolduc
En 2000, Manon Regimbald a assuré le commissariat de la première exposition solo de l’artiste Catherine Bolduc au Centre des arts contemporains du Québec à Montréal. Quinze ans plus tard, elle présente le travail non plus d’une jeune étudiante fraîchement sortie de l’université, mais plutôt le résultat d’un prolifique et riche parcours artistique qui a conduit l’artiste, entre autres, en Allemagne, au Japon et en Irlande.
Vessna Perunovich, la Pénélope des liens et des limites
L’artiste multidisciplinaire Vessna Perunovich explore diverses formes de passage des frontières, réelles et symboliques, depuis qu’elle s’est installée à Toronto et qu’elle a quitté l’ex-Yougoslavie à la fin des années 80. Récemment, elle a pu faire valoir son interprétation originale et sensible des notions de limites territoriales et de migration en exposant à quatre reprises au Québec, à Montréal et à Trois-Rivières.
Crépuscule: Jennifer Macklem
What is the difference between art and life? The question is relevant because today, there is no longer any difference between the mediums of art. Or rather, there is no longer any difference in the value assigned to any medium, nor is any value assigned to separating them into different specialities.
Public Studio. Conflits d’intérêt(s)
Avec l’exposition The Accelerators, Public Studio poursuit une recherche aussi engagée qu’engageante sur des enjeux sociétaux de premier plan comme les conflits, les identités et la surveillance. Le collectif torontois, créé vers 2009, est composé de la cinéaste Elle Flanders (qui a passé sa jeunesse entre Montréal et Jérusalem) et de l’architecte Tamira Sawatzky (originaire de Winnipeg), auxquelles s’ajoutent ponctuellement d’autres collègues.
Robert Therrien: Reimagining the Readymade
Presenting visitors with a portal into a fantastical world where the uncanny rubs shoulders with the familiar, Robert Therrien’s oversized objects displayed at the Gagosian Gallery in London from April 14 to May 30, 2015 speak of childhood curiosity. The colossal sculptures are a bid, if you will, to preserve the fleeting days of innocence through the ribbons of whimsical narrative that run through the exhibition.
Les eaux profondes de Patrick Coutu
Bien que l’artiste nous propose son travail depuis bientôt 20 ans, à plusieurs reprises chez René Blouin, Patrick Coutu présentait une première exposition éponyme à la galerie Division. Celle-ci prenait place au sein d’un triptyque – avec l’artiste et architecte An Te Liu (Des bribes et des morceaux) et l’artiste Michel de Broin (Interception) – dans ce qu’il est admis de considérer comme un des moments forts de la saison culturelle 2015 et assurément la meilleure prestation individuelle de Patrick Coutu à ce jour.
Folklore Futur : retrouver l’animation des êtres et des choses
L’exposition Folklore Futur s’est avérée une belle occasion de voir les œuvres récentes des artistes Shabnam Zeraati et Emily Jan. Une série de six dessins (2014) et une installation (2015) intitulées Assemblée générale des actionnaires de Zeraati ainsi que After the Hunt (2014) et Before the Fall (2015) de Jan y étaient présentées.
56e édition de la Biennale de Venise : No future
Que peut bien prédire la Biennale de Venise pour sa 56e édition avec un titre comme All the World’s Futures ? Avec pareille invite, on pouvait s’attendre à voir exposer de multiples futurs, mais dans les faits, ce sont les leçons de l’histoire et le passé qui accompagnent les pas hésitants des visiteurs de cette édition sans lustre à la scénographie inutilement compliquée, comme si le labyrinthe était la seule possibilité de traduire physiquement la complexité du présent.