Contrairement à ce que pensaient les archéologues de l’époque de J. Déchelette (1862-1914), il est maintenant établi que la figure est fréquente dans les productions gauloises. Elle occupe la période des deux âges du Fer (environ 750 à 10 av. J.-C.) sous de multiples formes, sculptures, instruments de guerre, ornement d’objets et d’ustensiles divers. Les matériaux utilisés et les techniques qui en découlent sont variés : taille de pierre, bois sculpté, alliage cuivreux coulé et martelé, fer battu. Cet article propose d’examiner certains domaines de la création qui ont modifié et enrichi notre paysage visuel. Les exemples choisis témoignent des façons dont l’homme, artisan ou artiste, est confronté au matériau dans ces réalisations
Artisans et savoir-faire des gaulois
Arts et artisans aux âges du Fer
Le statut de l’artisan au second âge du Fer
Maréchaux, fondeurs, verriers, cordonniers, potiers, tabletiers… de la fin du Hallstatt à la fin de La Tène (du Ve s. à la fin du Ier s. av. J.-C.), les activités artisanales deviennent de plus en plus visibles dans les vestiges archéologiques. L’utilisation nouvelle du fer permet l’apparition d’outils plus spécifiques. On observe alors une diversité croissante dans l’outillage.
Aux origines de la chaudronnerie celtique
La première vaisselle métallique celtique est le fruit d’un compromis entre l’ancien savoir-faire de la chaudronnerie nord-alpine de l’âge du Bronze final et les innovations de la chaudronnerie grecque et étrusque archaïque. Ces innovations sont d’ailleurs connues en Europe moyenne par l’intermédiaire des nombreux vases importés qui ont été successivement réparés, réassemblés, copiés et adaptés en fonction des usages du banquet et du langage figuratif élaborés par les Celtes anciens.
Production et consommation de métal
La fin du premier et le début du second âge du Fer (630 à 450 av. J.-C.) constitue une période importante car elle voit s’amorcer un processus de structuration politique sans précédent, appelé plus communément « phénomène princier », surtout visible dans le monde funéraire. Sur les habitats, l’étude du mobilier en métal permet de mieux caractériser les activités quotidiennes et artisanales des populations, à une époque où se développe un nouveau matériau : le fer.
Les artisans potiers à l’époque de la civilisation hallstattienne
À la fin du premier âge du Fer (VIe et début Ve s. av. J.-C.), la civilisation hallstattienne connait une prospérité dont témoigne une élite qualifiée de princière, qui est à la tête des réseaux politiques et commerciaux et a une influence sur les conceptions esthétiques et culturelles. Dans la partie nord-alpine de l’Europe, les premières agglomérations – sièges de ces élites – révèlent aux archéologues la concomitance d’un artisanat céramique traditionnel et l’introduction d’une nouvelle céramique luxueuse réalisée au tour. Les travaux récents et les nouvelles découvertes effectués sur les sites du centre-est de la France, notamment sur l’habitat aristocratique du mont Lassois à Vix (Côte-d’Or), nous permettent de mieux appréhender l’organisation des productions régionales et d’analyser le statut des potiers. La vaisselle d’utilisation courante ou les productions plus exceptionnelles témoignent en effet des différentes facettes du savoir-faire artisanal et de l’excellence de certains potiers que l’on peut qualifier de maître-artisans.
Une fabrication d’équipements militaires celtiques au IIIe s. av. J.-C.
Il y a moins de vingt ans, nous pensions que vers 120 av. J.-C. se mettait en place, après des âges obscurs, une organisation artisanale qui allait traverser les siècles jusqu’à l’ère industrielle. Les résultats obtenus récemment dans la Grande Plaine hongroise ont montré que ce phénomène existait au moins dès le début du IIIe s. av. J.-C.
Artisans et artisanat dans les pratiques rituelles celtiques
Cerner la place des artisans et de l’artisanat dans les activités religieuses celtiques n’est pas chose aisée tellement les vestiges sont ténus. Cette recherche se fonde principalement sur les vestiges de mobilier métallique, parmi lesquels se retrouvent de l’outillage et des déchets de production artisanale, seuls indices permettant de percevoir les artisans celtiques dans les rituels.
La place des artisans dans les tombes gauloises, l’exemple de la cité trévire
Le moyen le plus évident pour aborder la question de la place des artisans dans les tombes reste, bien sûr, la présence d’outillage. Pourtant, tout au long du deuxième âge du Fer, la découverte d’outils dans les sépultures reste un phénomène marginal. Il faut attendre la fin de l’époque gauloise pour que le dépôt d’outils dans la tombe devienne une pratique relativement fréquente, qui s’intensifie encore après la conquête de la Gaule par Jules César au milieu du Ier s. av. J.-C..
Savoir-faire et innovation des potiers gaulois
Lorsque l’on aborde le sujet des bronziers gaulois, il est utile de rappeler les différences entre la métallurgie et l’artisanat, afin de définir le travail de l’artisan. La métallurgie concerne plusieurs domaines d’étude. On parle de métallurgie notamment pour ce qui concerne les techniques d’extraction de minerai, ainsi que le processus de réduction de celui-ci. Les métaux utilisés en Europe protohistorique sont l’or, le cuivre, le fer, le plomb, ainsi que ceux utilisés pour les alliages (étain, plomb, zinc). Concernant l’artisanat du bronze, les matières premières de l’artisan sont des lingots ou des barres de métal pur ou d’alliages déterminés. Son travail consiste, à partir de ces matières premières, à façonner des objets.
Le commerce du fer
Durant les âges du Fer, les étapes de production du métal (réduction) et de fabrication des objets (forge) sont le plus souvent pratiquées par des artisans différents. Cela signifie que le fer circule avant d’acquérir sa forme finale d’objets. Cette matière première semi-préparée est diffusée sous la forme de « demi-produits », qui ont fait l’objet d’une intense circulation durant les deux âges du Fer. Plus de 1000 semi-produits appartenant à ces périodes ont été étudiés récemment (dans le cadre d’une thèse), parmi lesquels un échantillon représentatif d’une centaine d’exemplaires a subi des analyses métallographiques afin de caractériser leur structure interne. Cette étude restitue un « marché » du fer fortement structuré dans ses modes de production et d’échange.
L’art du pseudo-filigrane, une technique des peuples celtiques d’Europe centrale
La parure décorée en faux filigrane et en pastillage («?fausse granulation?») constitue la contribution extraordinaire des Celtes orientaux à l’art celtique. Ces techniques décoratives correspondent pour le bronze à celles du filigrane et de la granulation pour les métaux précieux. La création des chefs-d’oeuvre à caractère individuel remonte à la première moitié du IIIe s. av. J.-C. La vogue d’imitation de l’orfèvrerie méditerranéenne était la conséquence de l’orientation balkanique de la Celtique danubienne.
Peaux et fourrures à l’âge du Fer
Les fourrures et les peaux comptent parmi les produits utilisés par l’homme de très longue date. Ces matières sont susceptibles de très nombreux usages, habillement, mobilier, transport, armement, mais leur étude archéologique se heurte au fait que leur conservation n’est possible que dans des circonstances très exceptionnelles conduisant, par exemple, à la dessiccation, la momification, la congélation ou à l’imprégnation. Il faut pour cela des milieux particuliers, comme ceux qui se développent au voisinage d’objets métalliques en bronze, par production d’oxydes de cuivre qui inhibent l’action des bactéries, ou en fer, dont les oxydes peuvent imprégner les matières organiques, les poils notamment.