Au cours du Ier s. ap. J.-C., une ville se développe en haute Mésopotamie, dans le désert,à l’ouest du Tigre. Dans ce pays à la riche et ancienne tradition urbaine, alors que l’on n’est guère qu’à une cinquantaine de kilomètres de l’ancienne capitale Assur – érigée au bord du Tigre – Hatra est pourtant un site entièrement nouveau qui devient le centre d’un petit royaume dépendant de l’Empire parthe. Sa vie est éphémère : dès le milieu du IIIe siècle, la ville est prise par les armées sassanides, détruite et le site abandonné. Hatra tombe alors dans l’oubli.
Hatra
Pourquoi Hatra ?
La ville du Soleil, ses seigneurs et ses rois
L’histoire de Hatra est connue à travers quelque 500 inscriptions dont peu sont datées et dont la lecture est souvent incertaine. On y ajoutera plusieurs brèves mentions des auteurs anciens, plutôt peu intéressés. On ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que l’on ne puisse fournir à ce jour qu’une image incomplète et assez floue des évènements. Hatra ne sort de l’ombre que pour un siècle et demi, pour disparaître ensuite, abandonnée et oubliée.
Les banquets sous les voutes
Les ruines de Hatra se dressent au milieu de la steppe entre le Tigre et l’Euphrate. Au pays des deux fleuves, où on construisait toujours en brique crue, ces imposantes voûtes en pierre de taille ont toujours éveillé l’étonnement et l’admiration, qui se reflètent tant dans les légendes arabes que dans les récits des voyageurs occidentaux. Mais on en savait très peu avant que les fouilles ne commencent en 1951. Il suffit de dire que ce qui s’est révélé être le grand sanctuaire du Soleil était pris pour le palais royal.
Les inscriptions, la langue et l’écriture
La Mésopotamie a constitué le coeur d'un grand empire à la tête duquel plusieurs dynasties appartenant à des peuples d'origines différentes se sont succédé, Sumériens, Sémites de langue akkadienne, puis Perses. Le processus d'hellénisation de l'Orient – initié par Alexandre et poursuivi ensuite par les Séleucides – a contribué à la naissance d'une réalité culturelle nouvelle, où les éléments orientaux et les éléments grecs se mélangeaient. C’est ce qui explique la situation culturelle et linguistique à l’époque de Hatra, où coexistent en Mésopotamie l'araméen, le pehlevi et le grec.
Hatra : temples, dieux et cultes
Du Ier s. ap. J.-C. jusqu’au début des années 240, lorsque la cité fut finalement prise par les Sassanides, Hatra fut une ville majeure dans la région de la Djézireh, au nord de la Mésopotamie. Mais Hatra fut par-dessus tout le plus important centre religieux pour les habitants de la campagne environnante ainsi que les nomades qui parcouraient la steppe. Un gigantesque complexe de temples entouré de murs se situait en plein centre du plan circulaire de la ville, et les ruines imposantes des vastes bâtiments voûtés des temples, connus sous le nom de « iwan », dominent toujours la ligne d’horizon de Hatra.
Hatra, un exemple exceptionnel de l’art parthe
Les monuments de Hatra, ville préislamique située dans la steppe nord-mésopotamienne à environ 50 km à l’ouest de l’ancienne Assur et à environ 80 km au nord-ouest de la Mossoul d’aujourd’hui, sont considérés comme des exemples exceptionnels de l’art parthe. La combinaison d’architecture, de sculpture, d’inscriptions, de graffitis et d’objets nous offre un aperçu tout à fait hors du commun de la vie quotidienne dans une ville parthe du nord de la Mésopotamie pendant les trois premiers siècles ap. J.-C. La période parthe est une époque relativement mal connue de l’histoire de la Mésopotamie, et la documentation provenant de Hatra nous apporte des perspectives extraordinaires afin de mieux comprendre la société, la culture et la religion parthes.
Hatra et Assur, centres religieux et commerciaux
Il y a exactement 100 ans, Ernst Herzfeld, qui devint par la suite le premier professeur d'archéologie du Proche-Orient au monde, évalua la topographie historique de la Mésopotamie du Nord en ces termes : « Es gibt schlechterdings keine Stadt, die man Hatra benachbart nennen könnte, als Assur » (Il n'existe pas une autre cité que Assur que l’on peut situer à proximité de Hatra, d’après Herzfeld 1907, p. 232). Il rentrait tout juste de fouilles à Assur, où les strates de la période arsacide avaient été soigneusement décrites pour la première fois. Le rôle d'Assur durant la période arsacide a néanmoins été obscurci par la fixation des spécialistes sur le passé plus ancien et plus glorieux de la ville, et par les ruines imposantes de Hatra. Cet article offre donc une perspective originale sur la relation entre ces deux villes.