La sexualité de la société romaine est un sujet passionnant qui a inspiré de très nombreux auteurs. Pourtant, c’est un thème difficile car il est souvent pétri de certitudes et de clichés. En tout premier lieu, pour l’appréhender, il faut abandonner nos schémas de réflexion contemporains. Puis, il faut apprendre à déchiffrer tous les aspects de l’anthropologie culturelle romaine. Pour cela, nous n’avons négligé aucune piste en rassemblant d’éminents spécialistes pour évoquer les moeurs, les coutumes, la littérature, la mythologie et l’art…
Sexe à Rome. Au-delà des idées reçues
Sexe à Rome. Entre fantasmes et clichés
Morale et volupté des corps dans l’Antiquité romaine
Comparée aux modes d’action du XXIe siècle, la culture romaine paraît éloignée, pour ne pas dire exotique, voire bizarre. Polythéistes, esclavagistes, les Romains mangent bizarrement, lisent bizarrement, ont une forme de mémoire encore plus bizarre. On n’en finirait pas d’étaler les bizarreries exotiques des habitants de ce monde lointain que certains s’obstinent à dénommer nos ancêtres. Mais le comble de l’exotisme réside sûrement dans le rapport à la volupté des corps. Première constatation surprenante : la culture romaine ne connaît pas de sexualité particulière. Quand on prétend que les Romains ont une sexualité aseptisée, ou inversement, qu’ils ont une sexualité débridée, on a tort dans les deux cas. Il n’en est rien, simplement parce qu’il n’y a, à Rome, pas de sexualité du tout.
L’immoralité romaine. Vers un modèle de vertu?
Si le péché n’existe pas au sein de la culture romaine, elle n’est pas pour autant exsangue de valeurs morales. À partir du IIe s. av. J.-C. celles-ci forment un corps de doctrines dont la transgression marque irrémédiablement tous les contrevenants d’infamie. Ainsi, le comportement du citoyen doit garantir la préservation du milieu social, du statut politique, des responsabilités financières et du pouvoir militaire.
L’art érotique, de la mythologie au spirituel
L’art érotique est un thème qui bénéficie d’une riche iconographie et de nombreuses découvertes mobilières effectuées dans tout l’Empire romain. Pourtant, aucune étude exhaustive n’a été menée pour prendre en compte la signification culturelle et symbolique de cet art. C’est le travail que nous avons tenté de réaliser au travers de nombreuses collections archéologiques.
Ovide, un poète érotique victime de son art
Celui qui demeure, avec Virgile et Horace, l’un des poètes les plus célèbres de la littérature latine fut un auteur fécond. Son inspiration, essentiellement érotique et mythologique, se tarit lorsqu’un décret d’Auguste, en 8 ap. J.-C., le contraignit à déplorer l’exil. L’empereur prenait comme prétexte de son bannissement l’immoralité d’une oeuvre trop fameuse, L’Art d’aimer, écrit dix ans plus tôt. En quoi ces vers étaient-ils coupables? Ont-ils gardé un parfum de scandale?
Les messages érotiques
La place de l’érotisme dans les sociétés antiques a longtemps choqué les historiens. Quand, au milieu du XXe siècle, le grand spécialiste belge Franz Cumont présenta à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres une épitaphe incitant à profiter des plaisirs de la vie – nourriture, boisson, amour –, représentations figurées à l’appui, le mot «hédonique, que personne ne comprendra» fut substitué à «érotique», de peur d’«attirer à la séance une multitude de pornographes». Les images licencieuses, fresques, peintures sur vases, etc., sont aujourd’hui bien connues, mais les inscriptions à teneur sexuelle le sont moins; pourtant, sur des supports variés, elles attestent que, pour les populations romaines, y compris celles des provinces des Gaules et des Germanies, l’«Art d’aimer» était non seulement naturel mais subtil.
Graffitis sexuels gallo-romains
Fruits d’une inspiration spontanée, libre et souvent insolente, les graffitis sont à bien des égards des témoignages exceptionnels. Ils fixent des moments de vie, reflètent les préoccupations passagères d’individus ordinaires, expriment leurs passions ou leurs pulsions : autant d’éléments qui généralement échappent à l’archéologie… En conjuguant l’affirmation de soi et le message à la cantonade, les graffitis témoignent par ailleurs d’un langage collectif créant la complicité entre auteurs et lecteurs. Ils offrent ainsi l’aperçu d’une mentalité. Dans le vaste éventail thématique de ces précieux instantanés, les dessins et textes à caractère sexuel ne prédominent pas en quantité. Mais à travers les désirs et plaisirs qu’ils évoquent et ceux qu’ils n’évoquent pas, ils n’en sont pas moins révélateurs. Voilà une mine qui mérite un passage en revue.
Priape. Entre invocation et superstition
Priape est le dieu le plus représenté de l’Antiquité, pourtant il demeure celui le moins étudié. Entre analyse iconographique et discours mythologique, son omniprésence rappelle que les Romains étaient obsédés par le mauvais sort. Leur dévotion ou leurs croyances les conduisirent à introduire Priape dans tous les domaines de la vie.
Priape, initiateur des plaisirs bachiques
L’un des dieux les plus populaires et les plus représentés du peuple romain est sans aucun doute Priape. Et pourtant, avec ses robes à manches longues, aux couleurs chatoyantes, jaune, vert, bleu ou rouge, il ne ressemble nullement à l’idée que l’on se fait d’un citoyen romain, vêtu d’une sobre tunique à manches courtes et d’une toge blanche bordée de pourpre aux plis compliqués.
Le statut des femmes en Gaule romaine
Sauf dans les cités pérégrines qui conservèrent leur droit coutumier, la conquête imposa en Gaule le droit romain et sa hiérarchie juridique. En 212, l’édit de Caracalla accorda la citoyenneté romaine à presque tous les hommes et les femmes libres de l’empire et unifia les statuts. Cependant, les femmes n’obtinrent pas pour autant les mêmes droits que les hommes.
L’amour entre femmes
L’amour et l’érotisme traversent les images et les discours des Romains, et l’on pourrait croire un instant à une société sans tabou. Pourtant, s’il prend le temps de l’observation, le spectateur contemporain aura vite fait de remarquer une grande différence entre les productions érotiques – voire pornographiques – de l’époque actuelle et les images romaines : les relations sexuelles entre femmes semblent absentes. Où sont les femmes qui aiment les femmes? Telle est l’enquête que cet article vous propose.
La prostitution à Rome
La prostitution est un phénomène social très développé dans la société romaine. Les premiers auteurs chrétiens en ont été choqués et sont à l’origine d’une idée tenace : la Rome antique ne fut qu’un vaste lupanar !
Le lupanar de Pompéi
Le lupanar est un lieu emblématique de la culture romaine. Il déchaîne les passions et excite beaucoup de plumes. Le mythe est savamment entretenu par des fantasmes souvent issus des sociétés savantes du XIXe siècle, loin d’une réalité que l’on peut observer au travers de la lorgnette de l’archéologie et des textes antiques.
Les cabinets de curiosités
Les cabinets de curiosités ou secrets sont à l’origine des premiers musées. Ce sont des meubles fermés qui conservent des collections d’amateurs d’objets hétéroclites se distinguant par leur ancienneté et leur originalité. Les objets à caractère érotique tiennent une place prépondérante au sein de ces ensembles.
Fantasmes érotiques dans le péplum
L’Antiquité gréco-romaine, par définition «décadente», est un espace hautement fantasmatique de nudité et de perversions sexuelles, où tout est permis! Bien évidemment, la relation maître-esclave se prête aux pires délires (dans Quo Vadis, Eunice, l’esclave amoureuse, est heureuse de se faire fouetter par Pétrone, pourvu que son maître la garde près de lui). De fait les Romains avaient des libertés… et des tabous… que nous n’imaginons même pas.