Cela commence par un double meurtre et cela se conclut, huit ans plus tard, par le massacre des Innocents. Ainsi pourrait-on très sommairement résumer une guerre qui n'osait pas dire son nom - et ne le méritait peut-être pas vraiment. En tout cas pas exactement.
La guerre d’Algérie inconnue
L’embrasement de la Toussaint
Patrouille dans la casbah à l’heure d’Ali la pointe
Le ciel saute et s'escamote, pendu ça et là au-dessus de la rue, comme un drap mal lavé. Il s 'épanouit parfois à de maigres carrefours, ou bien il greffe une tache livide au flanc d'un mur en ruines. L' aspirant s'arrête et, derrière lui, les quatre hommes de la patrouille se collent au mur, le PM croisé en travers de la poitrine.
La guerre dans Alger
A bataille d'Alger ... Cette formule peut induire en erreur. D'âpres combats ne se déroulent pas dans la capitale algéroise. Certes, des forces antagonistes s'opposent. Le FLN n'est pas capable de tenir le djebel, même la nuit.
La “bleuite” en Kabylie
La bataille d'Alger se termine définitivement avec la mort d' Ali La Pointe. Alger-la-Blanche recommence à vivre dans la nonchalance de la paix retrouvée. Plus de fouilles dans les rues où les patrouilles se font plus débonnaires et de plus en plus rares. Le couvre-feu est levé. Les pieds-noirs préparent dans la joie Noël. Les vitrines des magasins de jouets subissent la pacifique invasion de poupées viriles représentant un beau para, en tenue léopard, avec le célèbre béret rouge crânement fiché sur la tête. A côté, on trouve des vestes camouflées, et tout un stock de PM et de fusils en plastique.
A la recherche de la torture propre
Le 18 avril 1985, le juge Cabié, président de la XVIIe chambre correctionnelle, rendait un jugement surprenant. Il déboutait Jean-Marie Le Pen, président du Front National, de l'action que celui-ci avait engagée contre Le Canard enchaîné, qui l'avait accusé d'avoir pratiqué personnellement la torture, lorsqu'il était lieutenant au 1er Régiment étranger parachutiste, en Algérie.
Un deuxième bureau sur le terrain
Incorporé en novembre 1959, j 'ai été affecté au printemps 1960 comme secrétaire au 3e escadron du 6e Régiment de spahis, (secteur de Bordj Bou Arreridj) . Pied-noir né à Alger, peu satisfait d' un emploi sédentaire (nous étions exempts d'opérations), j'ai réussi, en octobre 1960, à me faire muter au Bureau Renseignement (le 2e Bureau classique) où je devenais secrétaire de !'OR (officier de renseignement). Je m'intégrai alors à une petite équipe qui travaillait sur le terrain. Ce fut l'occasion pour moi de participer à une guerre d' « intelligence ». Car il n'y eut rien de plus stupide que des opérations aux noms surréalistes mobilisant (et avec quel fracas) des dizaines de milliers d'hommes pour un bilan sordide, quelques bergers égarés tués et des flingots rouillés récupérés ...
La guerre en métropole. Le temps des assassins
De 1954 à 1962, l'Algérie a subi le déchaînement d'un terrorisme systématique, sélectif ou aveugle qui, entre autres objectifs, était particulièrement destiné à faire basculer une population musulmane, dans sa majorité indifférente à la présence française.
Les harkis
En Algérie, de très nombreux musulmans participent, dans les mois qui suivent la Toussaint sanglante du 1er novembre 1954, à la lutte contre la rébellion naissante. Ils sont présents dans les commandos d'alarme, dans les groupes d'autodéfense (GAD), assurent dans le bled la protection des villages, appartiennent aux unités de mokhaznis affectées à la protection des Sections administratives spéciales, les SAS, aux Groupes mobiles de protection rurale, les GMPR, ou encore, aux Groupes mobiles de sécurité, les GMS.
Collabos du FLN : Les porteurs de valises
Le réseau Jeanson a vu le jour, ou plutôt l'ombre des bas-fonds, le 2 octobre 1957, au Petit-Clamart. Auparavant, on n' avait eu à déplorer que des initiatives et prises de position personnelles. Des noms tristement célèbres viennent à l'esprit : Mandouze et ses amis, l'aspirant Maillot, sa désertion et son camion d'armes, Rousset, le premier Européen qui aida le FLN en métropole ; Etienne et Paule Bolo ; les Chaulet : Pierre, médecin, Colette, AnneMarie, la fiancée de Salah Louanchi, chef du FLN en France. Quatre feuilles ont pris parti pour la rébellion : L 'Express, France-Observateur, Le Monde et Témoignage Chrétien. Chaque événement un peu spectaculaire a été mis à profit par des intellectuels imprégnés de « l ' esprit de la Résistance » , alibi de toutes les outrances.
Du coup de bazooka au coup de Jarnac : Le temps des complots
En fait, ce qu'on a pu appeler "le temps des complots" a connu un coup d'envoi fracassant et meurtrier le 16 janvier 1957. Ce jour-là, vers 19 heures, un coup de bazooka ravage les bureaux de l'hôtel de commandement de la rue d'lsly à Alger. Le général d'armée Raoul Salan, nouveau commandant supérieur interarmées en Algérie, cible évidente de cet attentat, vient juste de quitter les locaux, mais un officier de son cabinet, le commandant Rodier, est tué sur le coup.
Le sanglant sabotage de la paix des braves
Plus encore que le 13 mai 1958, qui est dans toutes les mémoires, le 16 est la journée de la Fraternité dans l'Algérie profonde. Quarante mille Pieds-Noirs et Européens, trente mille musulmans se donnent l'accolade, échangent interjections d'enthousiasme et protestations d'amitié, pour ne parler que d'Alger.
Un putsch trop respectable
En fait, depuis le 16 septembre 1959 et la déclaration du général De Gaulle sur « l'autodétermination » de l'Algérie, la méfiance n'a cessé de croître au sein de la population pied-noir et elle gagne peu à peu une partie de l'Armée - à commencer par les artisans du 13 mai 1958.
L’heure des clandestins
En ce printemps 1992, trente ans après, l'histoire de l'OAS reste impossible à écrire, et elle demeure même difficile à esquisser. D'autant plus difficile qu'il n'y eut pas, en fait, une Organisation Armée Secrète, unique, monolithique et parfaitement structurée, mals de multiples OAS à la fois séparées et enchevêtrées, dont certaines furent actives et d'autres ne dépassèrent pas le stade de l'intention ou même du rêve.
Ces tueurs qui “n’existaient pas”...les barbouzes
Le spadassin n'est pas une invention du siècle et, de tout temps, il s'est trouvé des demi-soldes pour exécuter de sombres besognes. Mais, voulue, conçue, organisée par des cerveaux corrompus acharnés à chasser les Européens d'Algérie, vifs ou morts, l'engeance barbouze est un phénomène typiquement gaulliste.
Le 26 mars, rue d’Isly
L'impensable s'est produit. Le gouvernement français a traité avec le FLN. La conclusion des accords signés à Evian est annoncée simultanément par les radios françaises et arabes le 18 mars 1962 à dix heures du matin: Le cessez- le-feu entrera en vigueur le lendemain, 19 mars, à midi. L'armée française ne quittera l'Algérie qu'après le scrutin d'autodétermination et son départ s'échelonnera sur une durée de trois ans. Les Français d'Algérie pourront conserver leur nationalité, ou acquérir, après un délai de trois ans, la nationalité algérienne. Faute de quoi, ils bénéficieront du statut d'étrangers privilégiés