J’ai connu Marie dans le Nord en 1999 autour d’un projet de L’Antre à Souffle : lecture à domicile, devant un public restreint, suivi d’une soupe - fromage. La découverte et le plaisir étaient les maîtres mots de cette aventure. À l’époque, Marie était accompagnée de son mari Bernard, un poète majeur, discret mais dont le travail en faisait le fer de lance de la revue Rétro-Viseur (59). Ils étaient soudés dans la vie, ils le sont encore de-puis la mort de Bernard. J’ai retrouvé Marie dans un livre paru chez Donner à Voir : L’été sorcier, puis sur internet. J’ai une profonde admiration pour cette femme dont la richesse intérieure, m’a bouleversée. Elle m’a appris le courage dans nos échanges et la beauté dans ses recueils.
Les poètes choisis par Dan Bouchery
Marie Desmaretz
Michel Monnereau
Cessez d'admirer les gens dits extraordinaires, vous ne risquez que de devenir vous-mêmes Michel Monnereau vit en France, entouré de génies de toutes disciplines, qui se répandent dans les médias comme le lait sur le feu : en faisant des dégâts. L'intelligence humaine a tendance à se rétracter sous leurs attaques. Il y a très longtemps (vers 1970), son pre-mier éditeur, Jean Germain, lança à un congrès de La Tour de Feu, ralentissant par là la phosphorescence des egos : « S'il y avait un génie parmi nous, ça se saurait !» Michel Monnereau a fait sienne cette vérité première et écrit dans son coin, la tête froide et les pieds sur terre, bien qu'il se tienne le plus souvent au 3ème étage.
Georges Cathalo
J’aime ce photo-montage d’Hervé Lesage pour le mystère qu’il contient et pour tout ce qui s’y trouve résumé en peu de place : le déchirement, la suggestion et la fugacité ou bien encore cette élégance de l’âme capable de tenir à distance toutes les perspectives. Hervé Lesage est un créateur « multi-cartes » : poète, photographe, revuiste, éditeur, artisan… Je suis heureux de mettre ici en avant un petite facette de son immense talent.
Jean l’Anselme
Elle est confidentielle et circule hors des circuits économiques. On s’y amuse. Elle a été exposée à la bibliothèque de Grasse, 45, rue Droite, du 9 au 27 avril 2013. Elle se trouve sur mon site : www.danbouchery.tk À partir de 1959, l’oeuvre papier de Jean L’Anselme est publiée uniquement par l’éditeur : ROUGERIE, à Mortemart (87). Vous trouverez sur internet les titres de ses oeuvres, parmi lesquelles : ça ne casse pas trois pattes à un canard et après ? L’Anselme à tous vents, La chasse d’eau, Le ris de veau etc…Dernier titre paru en 2012 : Liquidation des stocks avant fermeture. Jean est décédé le 30 décembre 2011
Michelle Stuvier
Énigmatique, elle n’est visible que dans son écriture. Son visage sur une photo a emprunté mes traits. Fruit de parents poètes joueurs, issu d’un exercice à quatre mains, son style est dépouillé autant que sa vie. Elle a vécu dans la Drôme où s’encre son histoire. Poète reconnue, invitée dans de nombreuses revues : Rétro-Viseur, Verso, Comme en poésie, Traces, Lieux d’Être, Ecrit(s) du Nord, Inédit nouveau, Ici&Là, Maison de la poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle fait l’unanimité. Voici ce qu’en disait Jean L’Anselme en janvier 2004 : M.S, c’est du nectar, du moka, de la quintessence. On sent chez elle ce souci d’ascétisme, d’amaigrissement propre d’ail-leurs à tous les êtres de réflexion, de pensée, de méditation que sont les anachorètes et les ermites maigres comme des clous ou nos « top model » taillés maintenant dans des lattes de parquet…Son oeuvre, c’est tellement beau et exceptionnel qu’on se demande tout de même si elle ne l’a pas faite toute seule à plusieurs. Elle vous prouve ici qu’elle en est capable, comme une grande.
David Dumortier
J’ai rencontré David à Ballon (72), lors de la remise du Prix Joël Sadeler qu’il avait obtenu pour son livre : Mehdi met du rouge à lèvres, édité chez Cheyne dont il est un poète phare. L’épi de seigle avait lancé ce prix, repris depuis par la ville elle-même et la veuve de Joël, Michelle Sadeler. Nous étions côte à côte au repas, David et moi. Rien de tel pour se connecter rapidement ou non. J’ai été transpercée par l’au-thenticité, la pureté de cet homme qui s’est mis à nu dans son roman autobiographique : Travesti. C’est une plongée au coeur de la misère sexuelle, de ses affres, jamais de ses joies ! Ce livre m’a tant ouvert les yeux et la réflexion que j’ai écrit à David qu’on devrait le conseiller aux élèves de terminales. Son amitié lointaine m’est chère. Son oeuvre entre en réson-nance avec l’intime de moi. Notre dernière rencontre s’est faite au salon du livre de Caen, en mai dernier. Il proposait un court spectacle pour jeunes enfants et adultes capables de s’émerveiller, une façon, non de faire, mais d’incarner la poésie !
Pierre Dhainaut
Dans une foule anonyme déjà on existe devant lui. Un regard et une voix accueillante ont scellé un sentiment profond pour l’homme et une admiration sans bornes pour son oeuvre. C’était à Lille, en 1999, dans une des sept bibliothèques de l’époque, après une de ses lectures publiques. Je l’ai recroisé une autre fois, dans les Yvelines. Puis, La parole qui vient en nos pa-roles découvert au Marché de la Poésie, Place Saint Sulpice, a été un choc. Je l’ai dévoré comme une affa-mée. Que d’échos en moi ! Comment relater sans défor-mer ? Je préfère citer quelques extraits : Citations empruntées à La parole qui vient en nos pa-roles, éd l’herbe qui tremble, février 2013 : Qu’est-ce que mieux dire ?
Jean-Claude Touzeil
J’ai rencontré Jean-Claude la première fois à Dur-cet (61) en 1999, à l’occasion du Festival Printemps de Durcet, qu’il a créé en 1986. Ce festival entièrement consacré à la poésie contemporaine, rendez-vous incon-tournable des poètes et petits éditeurs francophones : France, Belgique et Suisse entre autres, a vécu cette année sa 29e édition ! Cet épicentre de la poésie favo-rise et stimule l’entrée des poètes dans les classes de l’Orne, cultive au sens propre une culture des mots chez les jeunes, même les très jeunes en maternelle et ap-porte une sensibilité aux enseignants sur un état d’esprit et une manière de faire et d’être. Depuis 2006, la com-mune a mis en place un Chemin des poètes qui serpente sur 8 km à travers les champs et les bois, qui permet au promeneur lambda de découvrir 16 bornes porteuses de poèmes. Chaque année une autre fournée de poètes est offerte à la lecture.