Lorsqu’il fut garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas s’est bien gardé d’entretenir des relations avec le procureur de Paris, François Molins. Séparation des pouvoirs oblige. C’est donc un portrait lointain, mais chaleureux, qu’il trace de ce magistrat qui, dans une France meurtrie par les attentats, a su redonner un certain lustre à la communication judiciaire.
Politique et économie
François Molins
Carole Barjon
Cela fait trente-six ans que Carole Barjon couvre la politique pour Le Nouvel Observateur où elle est entrée en 1981, séduite par ce « journal rocardien ». Aujourd’hui chef du service politique, elle revient pour Charles sur quelques moments de sa vie professionnelle. Où il est souvent question de voitures et d’enfants…
Guillaume Meurice
Pour qui votez-vous Guillaume Meurice ?
Hervé Berville
Marcheur de la première heure, Hervé Berville appartient à la vague de jeunes néodéputés qui ont envahi le palais Bourbon en 2017. L’économiste âgé de 27 ans a été évacué de son Rwanda natal lors du génocide de 1994, avant d’être adopté par les Côtes-d’Armor. Il est l’une des personnalités émergentes de la majorité, tant par sa maîtrise des dossiers que par son ancrage local.
Charlotte Marchandise
Et si la véritable figure « hors système » de la campagne présidentielle avait été Charlotte Marchandise ? Désignée par un vote sur Internet dans le cadre de LaPrimaire.org, la toute première candidate issue d’une primaire citoyenne n’a pas pu aller au bout de sa démarche, faute des 500 parrainages. Un an après le lancement de sa candidature et alors que son positionnement semble correspondre au « nouveau monde » macroniste, elle décrypte les raisons de son échec.
Yanis Varoufakis
Économiste mondialement reconnu, Yanis Varoufakis est passé de la théorie à la pratique en devenant ministre des Finances de la Grèce, en pleine crise. Dans ce long entretien, il revient concrètement sur les liens entre économie et politique. Et, tout en donnant au passage quelques conseils à Emmanuel Macron, il explicite la relation d’amour-haine que le capitalisme entretient avec la démocratie, « ce gouvernement des pauvres ». Particulièrement dans la zone euro…
Gérald Darmanin
« Ministre à 34 ans, ça ne se refuse pas. » Voilà ce qu’aurait déclaré Gérald Darmanin à ses anciens collègues des Républicains qui lui en veulent à mort d’avoir franchi le Rubicon d’En Marche ! Quand Emmanuel Macron lui propose ce poste, le jeune maire de Tourcoing n’en croit pas ses oreilles. Il l’accepte avec un bonheur non dissimulé. En quelques années, l’ambitieux a franchi toutes les étapes obligées du politicien en fin de carrière : militant, assistant parlementaire, député, maire, ministre. Il ne lui reste qu’une case à cocher : celle de l’Élysée. À son âge, il a la vie devant lui et déjà des envies d’ailleurs. Cet électron libre, monté sur ressorts et programmé pour être président de la République, assure qu’il ne le sera jamais. « Trop de contraintes. » Il pense ouvrir un restaurant ou aller dans le privé sitôt son expérience gouvernementale terminée. On n’est pas obligé de le croire.
Un FN pas très franc
Les questions économiques sont longtemps restées subsidiaires au Front national. Sous le règne du père, la question de l’euro est mise sous le boisseau avec l'aide du concept bâtard de « monnaie commune ». Cela change avec l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence, épaulée par Florian Philippot. Les deux remettent en scène la sortie de l’euro, au grand dam des cadres du parti. Jusqu’au débat du second tour de l’élection présidentielle de 2017, où cette ambiguïté constante sur le thème de la monnaie se paiera au prix fort.
François Lenglet
Été 2008, place de la Bourse, à Paris. Dans les couloirs de la rédaction de La Tribune, un homme patiente sur une chaise, les écouteurs de son iPod glissés dans les oreilles. Il est venu faire confirmer son embauche comme rédacteur en chef du quotidien économique. « Il était assis là tout seul, très humble, se souvient Vincent Chauvet, stagiaire au journal à l’époque. Les employés passaient devant lui sans un regard. » Mais celui qui passait inaperçu il y a quelques années est désormais l’une des figures les plus visibles de l’info économique. Au point qu’il a désormais un magazine à son nom sur France 2, « L’Angle éco ». Comment l’ancien étudiant en fac de lettres, dépourvu de la plus petite formation en sciences économiques, est-il subitement devenu le « Monsieur Économie » du PAF ? L’homme qui a réussi à rendre accessible, sinon sexy, une discipline sèche auprès de millions de spectateurs ? De sa notoriété tardive, François Lenglet a coutume de dire qu’elle est « tombée comme un météore dans le jardin ». Pourtant, elle n’est pas arrivée là par hasard. Charles a entrepris de reconstituer son itinéraire, en explorant autant que possible l’envers des graphiques.
Merci Bernard !
Influence des actionnaires, tutelle des annonceurs, hégémonie de la communication… L’idéal d’un journalisme économique libre et indépendant s’est altéré partout dans le monde depuis les années 80-90. Et particulièrement en France, à travers la rivalité singulière entre La Tribune et Les Échos, deux quotidiens économiques qui seront passés entre les mains de Bernard Arnault.
Mathieu Laine
Mathieu Laine communique « tous les jours » avec le président de la République, de deux ans son cadet, via la messagerie cryptée Telegram. On lui prête beaucoup de pouvoir, jusqu’à la nomination de certains ministres. Cet ami du chanteur Patrick Bruel et du cuisinier Alain Ducasse discute également avec Manuel Valls et Bruno Le Maire. Entrepreneur touche-à-tout, installé à Londres, passé par l’école Madelin, Mathieu Laine se veut un « Jiminy Cricket libéral » qui n’a pas trouvé ambigu de conseiller en même temps Emmanuel Macron et François Fillon durant la campagne présidentielle. Rencontre avec un jeune homme, partisan de toujours moins d’État.
Michel Sapin
Le haut fonctionnaire socialiste a été ministre de l’Économie et des finances à deux reprises. D’abord sous François Mitterrand, dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, entre 1992 et 1993. Et surtout pendant la deuxième partie du quinquennat précédent, sous François Hollande, en tandem avec un certain Emmanuel Macron. L’ancien maire d’Argenton-sur-Creuse reçoit Charles dans ses nouveaux bureaux — pas encore aménagés —, qu’il partage avec l’ex-président de la République, rue de Rivoli, à Paris. À deux pas de l’Assemblée nationale, il raconte Bercy avant le passage à l’euro, sa passion pour la numismatique et esquisse son bilan.
Le dictionnaire illustré de Bercy
Karine Berger
« Mon ennemi, c’est la finance ! » avait déclaré le candidat Hollande en course pour la présidentielle. Il était alors alimenté en notes par une jeune spécialiste en macroéconomie issue de Polytechnique : Karine Berger. Élue députée dans la foulée de son héros, elle parvient à se glisser dans la très réservée commission des finances, mais veut devenir rapporteure de la grande loi économique de gauche : celle de la séparation bancaire, qui permettrait de lutter contre ce qu’on appelle, c’est éloquent, « la finance casino ». Spolions tout de suite l’affaire : Karine Berger n’y arrivera pas. Pour Charles, elle a accepté de raconter les coulisses de cette défaite historique de la gauche au pouvoir contre les puissances économiques. Récit.
Une autre économie est possible
Dans les médias comme à l’université, il est parfois difficile d’opposer une voix savante, mais discordante, au libéralisme ambiant. Un couple d’éditeurs engagés, Henri Trubert et Sophie Marinopoulos, a comblé ce déficit de liberté d’expression en fondant Les Liens qui libèrent (LLL). En 2010, ils publient une violente diatribe contre le libéralisme : le Manifeste d’économistes atterrés. Il s’en vendra 400 000 exemplaires. Malgré cet incroyable succès, la pensée de ce groupe de macroéconomistes marxistes, keynésiens et institutionnalistes peine toujours à percer.
Une histoire de la représentation du patron dans l’imagerie politique
Durant la campagne présidentielle de 2017, la consigne se répand : il faut diaboliser Macron, « le candidat de la finance » ! Comment ? En lui collant sur le front une étiquette indélébile de banquier rothschildien. Pour porter l’attaque, ses ennemis l’ont déshabillé, puis déguisé en vilain capitaliste avec le frac, le cigare, et le chapeau haut de forme, les codes en usage pour représenter les exploiteurs. Autant de clichés qui désignent, dans notre culture politique, les maîtres de l’industrie, de la finance et du commerce. Mais d’où viennent ces stéréotypes visuels et pourquoi persistet- on encore, aujourd’hui, à représenter les patrons dans des costumes d’un autre âge ?