Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont passé, le 27 mars, un exécrable dimanche : des cantonales calamiteuses pour le premier et une défaite historique de la CDU dans le Bade-Wurtemberg, fief traditionnel des chrétiens-démocrates, pour la seconde. Ce Land riche comme Crésus va désormais être gouverné par une coalition de gauche dirigée par un Vert, Werner Kretschmann, un professeur de 62 ans.
Face au Front national
Écolos ou pas, les Allemands verts de peur
Japon: Apocalypse nô
Toute catastrophe suscite un mélange d’effroi et d’extase. La vieille histoire d’Eros et de Thanatos ou, comme disait Georges Bataille, « ce désir d’approuver la vie jusque dans la mort ». Celle qui s’est abattue sur le Japon qui, comme toute vieille civilisation, sait jouer sur ces deux pulsions avec un grand raffinement dans son art, sa poésie, son érotisme nous invite à réfléchir à notre rapport à notre propre fin collective, c’est-à-dire comme civilisation.
Les témoins de Jeovah de l’Islam cambodgien
«Difficile de devenir musulman ?» Le docteur Abdul Coyaume, intellectuel du mouvement Tabligh au Cambodge, m’observe avec suspicion. Je viens de lui faire remarquer que toute conversion, quelle que soit la religion que l’on embrasse, est un processus délicat qui peut créer des déchirements dans sa propre famille. Pas dans le cas d’une conversion à l’islam, estime Abdul Coyaume : « Le Coran est la parole de Dieu, et personne ne peut refuser la Vérité quand elle s’offre à lui ! Pourquoi, alors, serait-il difficile pour un bouddhiste de devenir musulman?»
Comment Lehman Brothers a perdu votre fric au poker ?
L’annonce, au matin du 15 septembre 2008, de la faillite de Lehman Brothers – une des plus anciennes banques de Wall Street – a provoqué un véritable séisme financier et déclenché une des plus formidables pannes du système bancaire international qu’on ait jamais vues. Les difficultés de Lehman Brothers étaient pourtant connues. Comme beaucoup de firmes de Wall Street, la banque dirigée par le très antipathique Richard Fuld était notoirement endettée et s’était joyeusement vautrée dans un nombre incalculable d’activités affreusement risquées et rémunératrices au regard desquelles un bête investissement dans une titrisation de crédit «subprime» (connu aussi sous le nom d’« actif toxique ») pouvait passer pour un placement de bon père de famille. Tout cela était de notoriété publique.
Peut-on avoir raison avec Bernard Henry Levy?
Très vite après le début des combats en Libye, la presse française et internationale parle de massacres de civils par les forces kadhafistes. Mais ni la presse, ni les insurgés n’en ont fourni de preuves tangibles. Ces massacres ont-ils eu lieu ?
Pas de taxi pour Tobrouk
Par les temps qui courent, s’opposer à l’intervention armée en Libye vous attire bien peu d’amis. Exception faite de quelques parias de la scène internationale – Chavez, Morales, Loukachenko, Khamenei − et du Guide libyen lui-même, l’analyste critique se trouve bien esseulé. Hormis Rony Brauman, la plupart des opposants habituels au « droit d’ingérence¹ » se rangent derrière l’action diplomatique à la hussarde de Nicolas Sarkozy. Entre temps, BHL a subrepticement succédé à Alain Juppé au Quai d’Orsay. L’Histoire retiendra un virage éclair amorcé en quelques semaines.
La politique de l’autisme
Le temps s’est arrêté à Paris. Nous sommes au soir du premier tour des cantonales. J’ai l’impression que je viens de rêver les dix années écoulées – et ça ne me rajeunit même pas. Nous sommes en 2002, dans l’insupportable suspense de l’entre-deux tours. «Tragédie», «Front républicain», «danger», «barrage». «Leurs valeurs et les nôtres». Les mêmes mots des grands jours, les mêmes visages graves, à peine vieillis. Les mêmes sermons.
Son FN est un casse-tête pour politologue
Est-ce du Besancenot mâtiné d’Aubry ? Du Mélenchon nappé de Hollande et d’une larme de Duflot ? Tout le monde l’a remarqué : le discours du Front national a changé. Il a même tellement changé qu’on éprouve une certaine difficulté, au-delà de son étiquette « populiste », à lui trouver un label. L’effet du « ni droite ni gauche », que la patronne du FN brandit comme une bonne blague ? Ou plutôt, la confusion que provoque un message « et droite et gauche » qui synthétise les extrêmes et le milieu avec ? Ce qui frappe le plus, quand on écoute Marine Le Pen, ce ne sont pas tant ses sorties sur l’islamisation de la France, les méfaits de l’immigration ou le pourrissement des élites, finalement très convenues, très bonne fille qui veut plaire à son père.
La vérité, Marine!
En mars, nous avons tous été privés d’une des émissions les plus intéressantes et inattendues de l’actualité politique française mais, pour moi comme pour tous les Juifs que je connais, la plus attendue : l’interview de Marine Le Pen sur Radio J. Des voix juives se sont élevées au sein de la « communauté » contre la diffusion d’une parole frontiste sur les ondes israélites de France et la présidente du Front national a été désinvitée.
L’homme providentiel du futur, c’est le Parlement souverain
C’est le casse-tête de tout meccano institutionnel : comment arbitrer entre représentativité et gouvernabilité, c’est-à-dire dans un jeu à somme nulle ? Plus les institutions sont représentatives des divergences au sein de la société, plus il est difficile de dégager un compromis, donc une majorité qui soutienne et accompagne le pouvoir exécutif. Le mode de scrutin n’est donc pas, loin s’en faut, un détail technique, mais un choix politique qui traduit l’importance relative que l’on accorde à la stabilité et à la justice.
Voyage au pays de la droite populaire
Ils sont nés d’une défaite, celle de l’UMP aux élections régionales de 2010 : ils pourraient bien prospérer sur la rude présidentielle annoncée pour Nicolas Sarkozy. Les 60 députés de la Droite populaire, collectif créé par Thierry Mariani et Lionnel Luca, poursuivent un objectif en apparence simple : « Revenir aux fondamentaux du sarkozysme 2007 et faire barrage au Front national. »
Entretien avec Thierry Mariani
Muriel Gremillet. On soupçonne la Droite populaire d’être favorable aux alliances avec Front national. Qu’en est-il ? Thierry Mariani. Ai-je besoin de répondre à cette question ? Tout le monde sait que, si je m’étais allié avec le FN dans ma région, je serais aujourd’hui président du Conseil régional.
Entretien avec Jean Clair
François Miclo. On vous savait historien de l’art, conservateur de musée, académicien. On vous retrouve météorologue... Drôle de reconversion ! Quel est cet « hiver de la culture » que vous prophétisez? Et le printemps, c’est pour bientôt ?
La luxure d’un fauve
Après des années de purgatoire, le temps de Van Dongen est venu. Il faut dire que sa biographie comporte quelques épisodes mauvais genre, comme sa grande rétrospective à la Galerie Charpentier, en 1942, où l’on vit Mme Otto Abetz, vêtue, à son habitude, sans sobriété. Surtout, il fut du « maudit voyage » en compagnie du sculpteur Despiau, mais aussi de Vlaminck et de Derain, avec lesquels il s’était lié d’amitié, trente ans auparavant, à la fameuse Revue blanche, où l’avait introduit Félix Fénéon¹.
La culture sur des plateaux
L’actualité culturelle et politique à la télé, c’est essentiellement sur le service public, et pour cause : la réflexion n’est pas la spécialité de la télé commerciale, qu’on dit pudiquement « privée » sans préciser de quoi. TF1 entretient pourtant une « exception culturelle » qui confirme ses règles : ça s’appelle « Au Field de la nuit » (gag !) et ça se trouve tous les lundis vers 1 heure du matin, à une heure où, de toute façon, les « beaufs » de Cabu, s’ils existent encore, ronflent. Le Michel du titre sert-il donc d’alibi culturel à la chaîne des « cerveaux disponibles pour Coca-Cola » ?