Corée du Sud

Ville rasée par la guerre de Corée (1950-53), reconstruite à la va-vite dans les années 1950-1960, Séoul est aujourd’hui un lieu de contrastes – architecturaux mais aussi humains – d’une surprenante violence. L’argent que le « miracle économique » a apporté au pays coule à flots dans certains quartiers, leur donnant de plus en plus des airs de Tokyo ou de Singapour.

Un grand bruit a retenti pendant que je préparais du kimchi à la cuisine. Donghyun lançait des coups de pied dans la porte de la chambre de mon fils en vociférant. Les cloisons tremblaient, me donnant l’impression que la maison allait s’effondrer. Donghyun, c’est l’un des deux garçons qui habitent l’appartement au-dessus de chez nous.

Je possède un vieux sac de frappe, un modèle en cuir pleine peau d’un mètre vingt de hauteur qu’on ne trouvait, quand je l’ai acheté, que dans les salles de boxe. Il est toujours suspendu à une branche du plaqueminier dans notre jardin. Exposé depuis des années à la pluie et au vent, il est si mal en point qu’au moindre coup il régurgiterait tout le son et le sable qu’il a dans le ventre. Je ne l’ai pas touché une seule fois depuis que j’ai quitté le lycée. Pourquoi ? je n’en sais rien. J’aurais tout de même pu lui donner un petit coup amical au passage de temps en temps.

Je le tue ou pas ? Ni l’une ni l’autre de ces options ne me satisfait. Si je le supprime, tous les conflits sont résolus, mais le dénouement paraît artificiel. Si je lui laisse la vie sauve, une fin ouverte devient possible, mais je vois mal comment débrouiller les fils d’une intrigue si compliquée. Que faire ?

Je m’attardais, enfin assise, dans la pénombre du salon. J’avais couché ma fille qui avait gazouillé toute la journée comme une alouette, puis vérifié de nouveau ma valise déjà bouclée, mon billet d’avion, mon passeport, mes yens dans une enveloppe.