Sebastian Barry porte en lui un cortège de voix oubliées, surgies des méandres les plus tortueux de l’histoire irlandaise. Avec ces damnés du passé, il construit une œuvre virtuose et protéiforme, habitée par le souci de donner au lecteur un « soupçon de joie ».
Les nouvelles solitudes
Entretien Sebastian Barry
L’irrésistible montée du solo
Le regard d’apitoiement que nous portons encore sur les célibataires est complètement dépassé. L’urbanisation, l’émancipation des femmes, les nouvelles technologies, le culte de l’individu et l’allongement de la vie conduisent ensemble à l’essor de ce phénomène, de plus en plus facile à vivre. À la clé, l’atomisation sociale ou la réinvention inattendue du collectif ?
La solitude nuit gravement à la santé
Les scientifiques s’intéressent à tout – même aux effets biologiques du sentiment de solitude. Car, à l’état chronique, ce désarroi réduit bel et bien l’espérance de vie. Curieusement, il est en partie d’origine génétique. Et contagieux.
La solitude choisie berce et console
Une spécialiste de la littérature romantique retrace l’évolution de sa propre relation d’amour-haine à la solitude, depuis l’enfance jusqu’à l’orée de la vieillesse.
Une mousse sinon rien
Les Romains amateurs de vin jugeaient barbare la bière, dont se régalait pourtant déjà l’Égypte des pharaons. Mais, à raison de 153 milliards de litres consommés par an, blonde ou ambrée, elle règne aujourd’hui sur le monde. De Pékin à Salt Lake City. Pour en arriver là, il a fallu l’aiguillon de la rivalité franco-britannique, la découverte des vertus du houblon, et la mort de Mao.
Nucléaire : peut on arrêter l’Iran ?
On le sait peu, mais, en 2003, Téhéran a fait à Washington une offre ahurissante : la transparence totale de son programme nucléaire et le retrait de son soutien au Hamas et au Djihad islamique, en échange de la levée des sanctions. Une offre rejetée sans examen par l’administration Bush. Cet épisode rappelle que la diplomatie peut amener l’Iran à renoncer à la bombe, comme l’ont fait l’Afrique du Sud et d’autres pays.
Avoir des enfants est-il immoral ?
Il serait piquant de savoir ce que pense ce gamin avec sa glace du « malheur de venir au monde », titre du dernier livre d’un philosophe qui aime rebrousser les poils. Faute de pouvoir le lui demander, nous avons recueilli les réponses contradictoires de deux moralistes et d’un économiste. Où l’on découvre que faire des enfants est tout sauf une affaire personnelle.
Ce que disent les gestes
Le voyageur et l’anthropologue se délectent depuis longtemps de ce langage des mains que parlent, chacun à sa manière, tous les peuples du monde. Mais le phénomène étonne aussi les scientifiques : puisque la gestuelle intervient même lors de conversations entre aveugles de naissance ou au téléphone, elle est bien plus qu’un simple et pittoresque langage d’appoint. Mais quoi ?
Philip Larkin, l’alchimiste
L’un des plus grands poètes britanniques était un misanthrope érotomane que le sexe ordinaire dégoûtait, tout comme le mariage, les enfants, la modernité, les déjeuners au pub et la bien-pensance. Mais cet amoureux de la campagne anglaise possédait comme personne l’art de transformer en or l’ordure de l’existence.
Thomas Mann a-t-il pillé Schönberg
La parution en 1949 du Docteur Faustus provoque l’ire d’ Arnold Schönberg. Le musicien y découvre non seulement un exposé simpliste de sa théorie dodécaphonique, mais son nom n’est pas même mentionné. Pas plus d’ailleurs que celui du jeune Theodor Adorno, qui avait servi de nègre à Thomas Mann.
L’improbable machine à explorer le temps
Le rêve conçu par H. G. Wells pourrait, en théorie, devenir réalité. Mais, en pratique, le voyage temporel se heurte à des obstacles techniques insurmontables.
Dr Montesquieu et Dr Swift
Les Voyages de Gulliver sont parus cinq ans après les Lettres persanes. Et il est bien possible que Montesquieu ait influencé Swift, tant les ressemblances sont frappantes. Mais les deux auteurs n’ont pas la même philosophie. Pour le Français, courtois et distancié, l’espèce humaine est capable de progresser. Pour l’Irlandais, féroce et intransigeant, les hommes sont irrécupérables. Lequel avait raison ?
Les fantômes de l’histoire tchèque
En cet hiver 1989, les locomotives à vapeur ne s’arrêtent plus depuis longtemps le long des quais de Bilý Potok, à la frontière germano-tchèque. Mais leur souvenir vieux d’un demi-siècle hante plus que jamais Aloïs Nebel, le chef de gare traumatisé par la guerre.
Quand l’Amérique lynchait
Aux États-Unis, des années 1890 aux années 1950, plus d’une centaine de Noirs ont été lynchés, en moyenne, chaque année. Cette pratique sauvage était aussi un spectacle, auquel on conviait souvent les enfants. Des cartes postales en étaient tirées.
La fabrique du conformisme
Confrontés à la pression du groupe, la plupart d’entre nous préférons ignorer ce que nous savons être vrai (ou faux) pour nous ranger à l’avis majoritaire. Pis : qu’il s’agisse de convictions politiques ou de certitudes alimentaires, l’influence des autres radicalise la pensée de chacun. Un phénomène inquiétant, que renforcent les réseaux sociaux.