De part et d’autre de la frontière franco-suisse, suivant un axe Mulhouse- Bâle, elles affichent toutes deux le même statut mais n’ont que bien peu en commun. Si elles partagent le même intérêt pour l’art contemporain, l’une y est exclusivement consacrée tandis que l’autre ne se prive pas de donner dans l’art moderne.
Picasso
D’une fondation à l’autre : Fernet-Branca & Beyeler
Danger, planète interdite
Autorisé à photographier les sites de test nucléaire du Nevada en 1991, Peter Goin retient la beauté mortifère d’une impalpable radioactivité en se contentant d’écrire le nom du lieu sur des cratères désertiques.
L’histoire de l’art portée à l’écran
Les grandes expositions qui font courir les foules créent une curiosité croissante pour l’histoire de l’art et des artistes. Institutions et médias multiplient donc les actions d’information pour sortir cette discipline du seul cercle des spécialistes.
Les métamorphoses de Max Ernst et d’Yves Tanguy
L’un était « magicien des palpitations subtiles », l’autre « peintre des épouvantables élégances aériennes, souterraines et maritimes », selon les formules respectives des écrivains et poètes René Crevel et André Breton. Max Ernst (1891-1976) et Yves Tanguy (1900-1955) ont proposé deux « visions » – si ce n’est plus – du surréalisme, projet poétique et politique lancé par Breton en 1924 sur les cendres de Dada.
Chagall en toutes lettres
Cet été, le Fonds Leclerc s’ouvre au monde poétique de Marc Chagall dans une impressionnante exposition conçue par Jean-Louis Prat dans une scénographie d’Éric Morin. Il ne faut surtout pas écouter les mauvaises langues qui vont dire : « Encore une exposition Chagall ! » et au contraire partir pour le Finistère, Au-dessus de la ville, à l’image d’un de ses tableaux.
Ernest Pignon-Ernest, 50 ans d’exercices périlleux
Un florilège pour un ouvrage immense. Ernest Pignon-Ernest, dessinateur et affichiste à travers le temps et le monde, aura fait à sa ville natale ce cadeau en y exposant quelques 400 pièces. Et la foule l’aura bien rendu, à ce fils de Nice, né en 1942, en se pressant à sa rétrospective.
Picasso, l’extension permanente du domaine de l’art
De l’artiste le plus célèbre du XXe siècle, on croit avoir tout vu et tout savoir de ses femmes, ses enfants et son Minotaure, entre guitares, chèvres, cirques et corridas. Il n’est est rien. À sa mort en 1973, à plus de quatre-vingt-onze ans, « Picasso a quitté plusieurs planètes après les avoir équipées et réchauffées à ras bord », écrit René Char. Cet été, quatre expositions complémentaires les révèlent.
Olafur Eliasson à Versailles
Pour fonder sa puissance, Louis XIV voulait tout voir – et se voir tout le temps dans les yeux de sa Cour. L’art démocratisé du Dano-islandais Olafur Eliasson aime lui que chacun puisse faire l’expérience de « se voir voyant ». Amplifiant miracles et mirages, ses dispositifs disséminés dans les jardins et dans le château du Roi redoublent et dédoublent les jeux de miroir et de pouvoir qui produisirent et furent produits par l’absolutisme un de Versailles.
Laurent Grasso, entre science et fiction - Entretien avec Henri-François Debailleux
" Je suis intéressé par le flou, l’entre-deux, la suspension » : en janvier dernier, Laurent Grasso (né en 1972) inaugurait SolarWind, une immense installation lumineuse sur les deux silos de la cimenterie Calcia, dans le XIIIe arrondissement, au bord du périphérique, à Paris. Cet été, il investit le musée Fesch à Ajaccio avec une intervention d’un tout autre ordre. Apparemment très différentes, ces deux oeuvres témoignent des réflexions que l’artiste mène notamment sur les lisières souvent troubles entre sciences et croyances, entre réalité et fiction."
Ludovic Sauvage, l’ombre et son double. Entretien avec Tom Laurent
Extirpant la possibilité de projeter des images à l’aveuglement zénithal comme aux ombres diurnes qui rongent la vue, Ludovic Sauvage donne à celles-ci l’épaisseur d’un monde renfermant sa vie propre.
Beat Generation, le dérèglement de tous les horizons
Prendre la route et planer… L’exposition organisée par Philippe-Alain Michaud et Jean-Jacques Lebel nous convie à un long « trip » appelant tous les sens sur les pas des beats, depuis New York jusqu’en Californie, pour passer ensuite par le Mexique, le Maroc et bien sûr Paris.
Charles Gleyre à l’est d’Eden
Orientaliste réaliste et névrosé mal dans sa peau, Charles Gleyre cherche à gagner son paradis en inaugurant son oeuvre par une scène de viol et en la refermant par le portrait d’« une fille qui se met toute nue au lit ». Si Monet le détestait, Ingres – qui a fait effacer sa très picassienne décoration pour le château de Dampierre – l’exécrait tout autant. Alors que Delacroix croit voir ressurgir la Grèce antique au Maroc, Gleyre retourne la question en retrouvant l’Orient sauvage qu’il a traversé dans le mythe grec dionysiaque. Tournant le dos aux fadeurs convenues de l’orientalisme, il retrouve le goût du désert âpre et de la nature sauvage dans des tableaux d’avant le Déluge. Le retour du fils prodigue à Orsay.
Visions du paradis
Il est un « paradis » – du perse pairi-daeza, désignant un jardin clos. Une invitation à l’éveil des sens. Profusion de fleurs parfumées, roses, jasmins, tulipes, à l’ombre des palmiers, cyprès et oliviers… Bruissement des fontaines, chant des oiseaux… Saveur du raisin, des agrumes… Autant de plaisirs colorés, odorants, sonores et gustatifs que le jardin d’Orient décline à l’envi. Quand les jeux d’eau, ou la caresse de l’être aimé, font frémir la peau…
La parade sauvage de la fôret amazonienne
Recréant le soleil passant à travers le feuillage de la canopée amazonienne, le musée d’ethnographie de Genève expose comme en pleine forêt primaire 500 chefs-d’oeuvre fragiles issus de son éblouissante collection. En contrepoint des parures de plumes multicolores, des longues sarbacanes, des flèches au curare et des flûtes aquatiques, films rares et photos engagées exaltent la pensée de la forêt qui meurt. À rendre amazoniaques tous les Douanier Rousseau qui sommeillent en nous.
Frits Thaulow, entendre la nuit et l’eau rêver
Voilà la punition qui attend les peintres célébrés de leur vivant : l’histoire de l’art les oublie ! Visible au musée des Beaux-Arts de Caen, le Norvégien Frits Thaulow (1847- 1906) mérite pourtant amplement le détour. Naturalistes, ses vues de rivières nocturnes et contrées enneigées portent la marque d’un paysagiste atypique. Plus étonnant encore, ces oeuvres génèrent un bien-être immédiat autant qu’inhabituel…
La sculpture dans l’oeil de la Villa Datris
Pop à souhait, Ride ’Um Cowboy (1990) de Fredrick Prescott revêt, parmi les oeuvres exposées à la Villa Datris, une valeur symbolique forte. « C’est l’une des premières pièces que nous ayons achetées, en 1996. Elle résume tous nos intérêts : la lumière, la couleur, le mouvement, l’humour, mais avant tout la manière dont l’art interroge notre vision du monde. », explique Danièle Kapel-Marcovici, fondatrice avec Tristan Fourtine, son défunt mari, de la Villa Datris en 2011. Constituer une collection de sculpture contemporaine n’était pas un objectif en soi, mais leurs séjours réguliers en Provence leur ont donné l’idée de créer un lieu dédié. Cinq ans d’aventures artistiques et d’acquisitions que l’exposition Sculpture en partage vient aujourd’hui fêter à travers 105 oeuvres de 84 artistes.
Mathieu Dufois, entre-deux- Entretien avec Philippe Piguet
Une salle de spectacle désaffectée à l’architecture désuète, un petit garçon par une nuit noire sur un chemin où semble avoir chuté une femme, une série de petits dessins façon storyboard au scénario mystérieux, une maquette aumotif de ruines de façades d’immeubles qui font penser à tant et tant de sites dévastés de par le monde, une autre montrant un mur recouvert d’affiches dont une de la célèbre série des Ziegfeld Follies... : l’art de Mathieu Dufois est requis par le dessin et le cinéma. Un dessin qu’il met en scène dans la réalisation de petits films courts tout aussi sombres et étranges, visant à restituer quelque chose de la mémoire d’un lieu, d’une ville, d’une époque passée. Des fragments mémoriels saisis entre-deux. Rencontre.
L’oeil de José Alvarez - Entretien Avec Pascal Amel
Le scopique, le corps, l’écriture, ces trois thèmes s’entrelacent dans le choix des oeuvres électives de José Alvarez – amoureux des images et de la langue. Éditeur d’art et écrivain, son dernier roman, Avec la mort en tenue de bataille, paraissant ce mois de septembre aux éditions Albin Michel, nous plonge dans la guerre civile espagnole de 1936.