Si 24h01 est pionnier en Belgique francophone et mixe les genres sur fond de belgitude affirmée, il existe, chez nos voisins d’outre-Quiévrain, quantité de mooks qui ont emboîté le pas de XXI, initiateur de ce mouvement en France. Plus d’une vingtaine de titres récents proposent du journalisme au long cours, généraliste ou de niche. Avec un engouement du public à la recherche d’un traitement différent de l’information. Trois titres à déguster parmi tant d’autres.
Le foot dans tous ses états
L’acte des mooks
Rebouteux, le temps à rebours ?
On les appelle rebouteux, signeurs ou désenvoûteurs : autant de déclinaisons pour désigner ces soigneurs sans blouse blanche. Derniers recours quand on a tout essayé, ou paral- lèlement à la médecine conventionnelle dans l’espoir d’être soulagé, les guérisseurs sont partout, à portée de main. Même s’il est impossible de les dénombrer, on en recense au moins un par village. Au pied des arbres à clous et autres lieux votifs, certains font des vœux pour guérir. Pas au fin fond de l’Afrique, ni dans la forêt amazonienne, mais ici, chez nous. Et, loin de l’image d’Épinal qui les voit perdus dans les campagnes profondes et tournés vers le passé, les guérisseurs sont proches des centres urbains et usent natu- rellement des moyens que la vie moderne met à leur dispo- sition. Des gens ordinaires, des soigneurs d’aujourd’hui.
Casseurs d’épaves
Le démantèlement naval dans les chantiers d’Alang en Inde et de Chittagong au Bangladesh a déjà fait couler beaucoup d’encre. La majeure partie de la flotte mon- diale est recyclée sur ces plages infâmes. Pétroliers, liners, dragues, cargos, navires-citernes, paquebots, ainsi qu’une multitude d’autres navires qui dépassent souvent les deux cents mètres de long, traversent les mers pour y être désossés. Les conditions de travail des ouvriers indiens et bangladais y sont épouvantables. Exposés à de nombreuses substances chimiques nocives et travaillant sans aucune protection, ces forçats de la tôle risquent leur vie à court et à moyen terme. Malgré cette réalité dénoncée au grand jour, les grandes compagnies mari- times s’obstinent à envoyer leurs taudis flottants à Alang et Chittagong. Il existe pourtant des alternatives : c’est le cas du chantier de Van Heyghen Recycling, situé à cinq kilomètres du centre de Gand.
De l’apathie des Belges
Le journaliste français Jean Quatremer n’a pas la langue dans sa poche et son fameux article, Bruxelles pas belle, publié dans Libération, ne lui a pas valu que des amis. À 24h01, on aime assez ce rôle de trublion et, à la veille des prochaines élections qui risquent à nouveau de plonger la Belgique en apnée, il a reçu carte blanche pour exprimer son point de vue très personnel sur la question...
Coup de grisou à Meulenberg
En octobre dernier, dans le quartier limbourgeois de Meulenberg, de jeunes émeutiers embrasent la rue le temps d’une fin de journée. Animés par une colère explosive, ils causent de nombreux dégâts matériels et blessent gravement plusieurs policiers. Ces affrontements remuent la presse flamande qui stigmatise un quartier surtout représenté par une population issue de l’immigration, où la violence semblerait faire la loi. Mais la jeunesse de Meulenberg, préoccupée par le chômage et les injustices dont elle se dit victime, présente un visage bien plus contrasté.
Apatrides
Vivre sans exister
Art Gamin
Le nègre de Mandela
Non, Monsieur, je ne suis pas encore mort ! Ne me faites pas plus vieux que je ne suis ! Mandela, mon grand frère, est mon aîné de sept ans. Ne vous excusez pas. J’ai l’habitude, vous savez. Cela fait soixante ans qu’on annonce mon élimination. Si la malaria, la bilharziose, la CIA et Mobutu n’ont pas eu raison de moi, ce ne sont pas quelques stupides ploucs belges à l’épiderme blanchâtre qui auraient pu crever ma belle peau d’ébène. Pardon ? Je n’entends plus très bien. Remarquez, ça n’a pas beaucoup d’importance. Je n’ai jamais aimé écouter les autres. Maintenant, vu mon âge, plus personne ne s’en offusque.
Tervuren fait ses adieux au Congo belge
La fermeture en décembre dernier du Musée de l’Afrique centrale – MRAC pour les avertis, Musée de Tervuren pour le grand public, Musée du Congo belge pour les plus anciens – a été un véritable événement. Le déplacement de l’éléphant empaillé, emblème du musée, évacué en grande pompe sous l’œil attentif des caméras, a sonné le coup d’envoi de trois années de rénovation. Des travaux en profondeur sont prévus en vue d’offrir aux lieux une muséographie contemporaine. Jetons un dernier regard sur plus d’un siècle d’un musée en plein déménagement et sur les coulisses d’une insti- tution scientifique de renommée mondiale aux activités méconnues du public. De fait, l’exposition permanente présentait à peine 1 % de son patrimoine. Trésors cachés du grand public, les collections impressionnantes dans le domaine des sciences humaines et naturelles servent tous les jours de support à la recherche et à la diffusion des connaissances
À l’ombre jaune et bleue de la Butte
Malgré quatre décennies d’anonymat sportif et de tracas financiers, l’Union Saint-Gilloise continue d’entretenir la passion et de croire à son retour dans l’élite. L’histoire de cet ancien fleuron du football belge, aujourd’hui en troisième division, est aussi celle d’un Bruxelles en voie de disparition que racontent ses supporters, de places en parvis et de vieilles brasseries en stade décati.
J’haine le stade
Une bande de parvenus tout juste sortis des jupes de leur mère, des petits branleurs à boucles d’oreilles en diamant qui roulent en Maserati et adorent se rouler des pelles en gang bang organisé dès qu’un goal est marqué. Quelle engeance, je vous l’dis. Et je ne vous parle pas (encore) des supporters.
Un autre regard depuis la tribune
Parmi les 21400 supporters abonnés au Standard de Liège, Joannie sort du lot : une femme, supportrice de foot, photographe et... malvoyante. Malgré ce cocktail surprenant, Joannie a su s’imposer dans un univers a priori masculin suite à sa découverte de l’audio- description, il y a quatre ans. Toujours munie de son appareil photo, elle passe sa vie au bord des terrains et ses clichés en impressionnent plus d’un.
Que les diables nous emportent !
Ce reportage couvre une période de 17 mois, depuis la no- mination de Marc Wilmots comme coach fédéral, le 14 mai 2012, jusqu’au match entre la Croatie et la Belgique, le 11 octobre 2013, qui a qualifié le pays pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil. Durant cette période, les Diables Rouges sont passés de la 54e place au classement mondial de la FIFA – un des plus mauvais résultats de leur histoire – à la 6e place – le meilleur résultat de leur histoire.
Les Verdoyants au rythme des marées
Deux kilomètres... C’est la distance qui sépare l’Île Verte de la terre ferme. Deux petits kilomètres et pourtant, plusieurs semaines par an, en hiver, cette parcelle de terre québécoise au milieu du Saint-Laurent est presque coupée du reste du monde. Sur l’île, il n’y a ni école ni épicerie. La trentaine de Verdoyants, comme on appelle ceux qui vivent toute l’année sur ce caillou de onze kilomètres carrés, ont appris la pa- tience et l’organisation. Récemment, un tout jeune couple a choisi de s’installer sur l’île, d’adopter ce mode de vie. De quoi attiser la curiosité des plus anciens.
Je suis un homme...
Adrien et Symon ont un point commun et une vie de différences. Ils sont tous deux nés dans un mauvais corps, comme un malentendu. Ils m’ont chacun expliqué leur parcours, à la fois administratif et psychologique, pour retrouver le corps qui leur correspondait. Aujourd’hui, ils sont fiers de cette enveloppe corporelle qui leur ressemble enfin. Ça se voit dans leur façon de le montrer. Il faut dire que le résultat est bien mérité, après les opérations et les traitements que ce changement de sexe a nécessi- tés. Symon, plutôt calme et posé lors notre conversation, se lâche au moment de prendre les photos des parties de ce nouveau corps qu’il préfère : il présente ses pieds en premier, qui sont maintenant légèrement recouverts d’une pilosité qui lui plaît, puis son torse, dont les cicatrices se sont estompées. Adrien, lui, aime bien sa barbe, même s’il n’a pas souvent l’occasion de la laisser pousser : sa copine la préfère plutôt courte. Devant un café fumant ou une bière fraîche, les moments sérieux et les sourires s’enchaînent pour m’expliquer simplement les complexités d’une transformation.